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25.08.23

Simone De Oliveira : « L’informatique quantique et l’IA sont prometteuses pour notre métier »

       En une décennie, la Direction des Systèmes Informatiques (DSI) s’est imposée comme une figure incontournable de la stratégie des entreprises. Échange avec Simone de Oliveira, Directrice générale adjointe en charge des systèmes d'information de la BRED.

Comment expliquez-vous la montée en puissance de la DSI au sein de l’entreprise ?  

Dès 2013, l’informatique a pris une place de plus en plus considérable dans le secteur bancaire, notamment avec l’arrivée des néo-banques et l’inquiétude de voir les banques dites traditionnelles disparaître. L’ancien Directeur Général de la BRED tenait alors le discours suivant : « La banque : ce sont des hommes, des femmes et de l’informatique ». Il anticipait déjà l’évolution du monde, comprenant qu’il était indispensable de saisir le meilleur de l’humain et de l’expertise, tout en intégrant pleinement la digitalisation. Lors de ma prise de poste en tant que Directrice des Systèmes d’Information (DSI) de la BRED en 2016, j’ai directement été rattachée à la Direction générale. Un signal fort pour souligner la dimension stratégique de cette fonction dans l’accompagnement des transformations nécessaires.  

C’est à cette même période que notre fonction a été davantage valorisée au sein des ComEx. En participant au CIO Connect Lab qui réunit des DSI issus de secteurs variés, j’ai pu constater l’évolution de la place de l’informatique : une évolution lente, plus lente que dans d’autres secteurs, mais significative. Dans l’industrie notamment, la crise sanitaire, en favorisant une extension sans précédent du télétravail, a permis à nos métiers d’être davantage valorisés. Les DSI, perçues encore comme des fonctions support y sont devenues d’une importance stratégique, en déployant les environnements informatiques permettant aux salariés de poursuivre leur activité dans les meilleures conditions possibles.   

Pourquoi l’innovation est au cœur de la DSI à la BRED ?   

Au sein de la BRED, l’innovation est omniprésente. Elle n’est pas simplement le fait d’une équipe dédiée. Elle n’est pas non plus seulement technologique : nous pensons qu’elle est avant tout liée aux usages.  Il a donc été nécessaire d’adapter notre façon de travailler pour en tirer parti. En partant de ce constat, nous avons créé un studio, le BRED Studio, au sein duquel plusieurs collaborateurs « animent » et accompagnent les innovations et changements à venir. Bien que cette équipe soit hiérarchiquement rattachée à la DSI, j’ai souhaité qu’elle travaille main dans la main avec la Direction de la stratégie et de la transformation, afin de pouvoir recueillir davantage de recommandations externes (de collaborateurs issus de la communication, de l’expérience client, de Vialink…), toujours dans l’objectif d’améliorer nos process.  

Notre studio est aujourd’hui un lieu d’échange, de travail afin d’aboutir aux meilleurs résultats possibles sans créer de dichotomie entre les différents métiers et profils qui évoluent au sein de la BRED. Du terrain naissent de nouveaux usages, de nouveaux process, et autant d’inputs pour créer de futures innovations ! 

Comment la BRED parvient-elle à innover sans perdre sa singularité ?   

La philosophie de la BRED repose sur une approche participative et engagée, où chaque collaborateur est invité à contribuer activement à l’amélioration de l’efficacité opérationnelle, à aborder des sujets du quotidien qui n’étaient pas préemptés auparavant…  

Il y a trois ans, nous avons voulu lancer de nouveaux business, pour augmenter le niveau de service de nos outils en ligne tout en conservant ce qui fait la singularité de la BRED.  Nous avons alors organisé des ateliers avec nos clients, en les interrogeant sur leurs attentes, afin d’identifier quels pouvaient être leurs nouveaux besoins, leurs nouveaux usages. L’aboutissement de ce travail a été la mise en place de plateformes, pour chaque cible (professionnels, retraités, étudiants) au sein desquelles il est possible de retrouver dans son espace bancaire cette couverture de nouveaux besoins (services bancaires adaptés, services numériques conviviaux…), et cela, sans se désintermédier de nos clients.  

Cette approche participative crée une émulation globale au sein de la banque, où les idées et les contributions de chaque collaborateur sont valorisées. Récemment encore, certains de mes collaborateurs ont par exemple utilisé l’intelligence artificielle générative, afin de synthétiser la voix d’une collaboratrice, dans l’objectif de créer tout un process destiné aux malvoyants sur le site et l’application mobile (le tout en proposant plusieurs cas d’usages, qui seront peut-être demain à la main du Groupe). Cela montre que l’innovation est partout.  

Justement, quel regard portez-vous sur l’intelligence artificielle ? La percevez-vous comme un risque ou une opportunité ?  

À mon sens, il est important de différencier « métier » et « tâches induites par un métier ». Je suis convaincue que l’intelligence artificielle n’aura pas d’influence négative sur notre métier. Cet outil va au contraire nous décharger des tâches à faible valeur ajoutée induites par notre métier (gestion du système, service d’assistance…). Je ne crois donc pas au bouleversement de notre profession, mais plutôt au bouleversement de la façon de l’exécuter. L’intelligence artificielle est une solution d’efficacité permettant d’optimiser notre quotidien. En 2020, la BRED a par exemple déployé IBM Watson pour traiter plus rapidement les demandes de ses clients avec une solution d’analyseur d’e-mails, permettant ainsi de libérer du temps pour les collaborateurs qui peuvent se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée (conseil, accompagnement client…).   

  Dans les métiers informatiques, je distingue trois cas d’usage de l’IA : 

  • les prompts : mot anglais qui désigne toute commande écrite envoyée à une « intelligence artificielle » spécialisée dans la génération de contenu, comme du texte ou des images ; 
  • les modèles existants que nous devrons customiser ; 
  • les modèles à construire.  

Pour tout cela, différents profils seront impactés. J’ai d’ailleurs l’intime conviction que l’informatique quantique et l’intelligence artificielle vont profondément changer la configuration de notre métier dans les 10 ans à venir, aussi bien dans l’expérience client, que dans l’expérience collaborateur.  

Quelles sont les bonnes pratiques et les réflexes à adopter pour prévenir efficacement les risques de cyberattaques ?  

Au sein de la BRED, la sécurité est l’affaire de tous. Dans l’organisation, en ligne de défense, nous avons des outils, des IA, des équipes… Cela nous permet de réaliser chaque année des tests d’intrusion internes et externes, du bug bounty sur tout ce qui est exposition sur Internet. Il s’agit d’une course sans fin ! Dès que nous atteignons un jalon, le suivant doit déjà être atteint. Nous avons effectivement beaucoup investi dans la sécurité pour nous outiller (sur le poste de travail, les infrastructures…) avant de pratiquer beaucoup plus de pédagogie, notamment sur le phishing.  

 Nous avons également réalisé des exercices de cyberattaques avec le Comex. Nous arrivons à un certain niveau de maturité sur ces points, mais, pour autant, la pression demeure très forte. Nous devons continuer à renforcer nos réflexes : l’ingénieur système, quand son système tombe, se dit naturellement qu’il doit le remettre en services. Or, dans certains cas, ce premier réflexe n’est peut-être pas le bon. Il faut repenser nos manières d’agir et de réagir au quotidien. Cela reste l’enjeu numéro 1.   

De manière plus personnelle, comment parvient-on à s’imposer dans un secteur majoritairement masculin ?  

J’ai récemment abordé ce sujet aux Assises de la Parité 2023. Dans le secteur de l’informatique, le nombre de femmes est estimé à près de 28 %. Je constate aujourd’hui, que le nombre de femmes dans ce milieu n’a pas beaucoup évolué depuis ma sortie d’école en 1998, et ce, malgré les quotas mis en place pour atteindre la parité, que nous tentons de respecter au mieux lorsqu’un poste est vacant. Malheureusement, les candidatures féminines restent peu nombreuses, certainement en raison du faible nombre de femmes occupant des postes techniques de haut niveau.  

C’est un sujet qui se joue à l’école. Je pense qu’il est nécessaire de mettre en lumière nos métiers dès le collège. Je pense également qu’il est important de rappeler aux femmes qu’il est tout à fait possible d’accéder à nos professions par divers chemins, notamment en cas de reconversion professionnelle. Être une femme et gravir peu à peu les échelons au sein de ce milieu professionnel, cela n’est pas impossible ! Je suis ravie de témoigner de mon parcours et de montrer, à travers celui-ci, qu’il est important d’oser. 

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