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22.06.23

La Rochelle, ville verte et rebelle

       Terre duale, entre terre et mer, audacieuse et attractive par son ancrage sur le littoral et sa vitalité culturelle, La Rochelle est à l'avant-garde des défis sociaux, économiques et environnementaux. Focus sur une ville en mutations, qui anticipe les enjeux de notre temps tout en cherchant continuellement à se réinventer.

Gérard Blanchard

Vice-président de la Communauté d’Agglomération de La Rochelle
« La politique de la ville en matière de développement durable en fait un territoire singulier. »

Valérie Fernandes

Vice-présidente du Conseil de développement du Grand Port Maritime
« Le port s’engage pleinement pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2040. »

Émilie Yakich

Co-directrice du festival des Francofolies de La Rochelle
« Les Francofolies ne sont pas uniquement une série de concerts sur scène, mais une expérience musicale complète. »

Interview#1

Vers une agglomération sobre en 2040 avec La Rochelle Territoire zéro carbone

Devenir le premier territoire littoral urbain français à atteindre la neutralité carbone, c’est l’ambitieux pari que s’est fixé l’agglomération en lançant “La Rochelle Territoire Zéro Carbone”, un projet impulsé par un consortium d’acteurs rassemblant la Communauté d’Agglomération, la Ville de La Rochelle, l’Université, le parc bas carbone Atlantech et le Port Atlantique. Enseignant chercheur spécialiste des écosystèmes côtiers, Gérard Blanchard est le Vice-président de la Communauté d’Agglomération de La Rochelle en charge du projet. Homme de convictions et d’action, il chapeaute depuis 2020 cette expérimentation concrète et collaborative.

La Rochelle Territoire Zéro Carbone (LRTZC) a vu le jour en 2017. Quelle est la genèse de ce projet ? 

Ce programme est avant tout le résultat du volontarisme politique de l’agglomération sur les questions environnementales. C’est sous l’impulsion du maire de La Rochelle et président de la communauté d’Agglomération Jean-François Fountaine que les 28 communes de la communauté d’agglomération de La Rochelle ont présenté la candidature de La Rochelle dans le cadre de l’appel à projet national « Territoires d’Innovation», une initiative dédiée à l’accompagnement de projets innovants de transformation. La Rochelle, qui faisait partie des 24 lauréats, s’est positionnée sur la dimension environnementale, avec l’idée de mobiliser 130 acteurs du territoire – collectivités, services publics, grands opérateurs locaux, associations, citoyens – pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2040.

C’est grâce à une tradition de collaboration très forte entre ces différents acteurs du territoire que le projet a vu le jour en 2017. Ce programme collectif, valorisé aujourd’hui à plus de 80 M€ grâce au soutien de l’État et d’autres partenaires publics, a vocation à expérimenter, à l’échelle d’un quartier, comment concilier toutes les activités dans une logique bas carbone.

Qu’est-ce qui fait la particularité de ce projet rochelais ? Quels sont les grands axes de cette feuille de route pour la ville ? 

Le projet est d’abord singulier par ses 70 actions entreprises, qui proposent des solutions technologiques, organisationnelles, réglementaires et de nouveaux modèles d’acceptabilité, pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre ou améliorer nos capacités de séquestration du CO2. L’objectif est de tester des solutions et de massifier celles qui ont démontré leur faisabilité et leur efficacité.

Les 70 actions pilotes fixées par le programme s’inscrivent autour de 7 axes de travail :

  • la mobilité durable,
  • la rénovation énergétique des bâtiments,
  • la gestion des activités économiques et industrielles dans une logique d’économie circulaire,
  • la production locale d’énergies renouvelables, fixée par le Plan Climat Air Énergie Territorial (PCAET),
  • le “carbone bleu” qui mobilise les capacités des écosystèmes humides et littoraux à séquestrer le carbone,
  • l’agroécologie et la transition agricole et alimentaire,
  • le tourisme durable.

Nous avons également lancé fin 2022 la plateforme numérique Terreze, un outil de collecte et de traitement des données produites sur le territoire. Consommations énergétiques, comptages de circulation, données de mobilités des entreprises et des ménages, prévisions d’ensoleillement…, l’ambition est de parfaire la connaissance des sources d’émissions de carbone dans une logique open source, afin d’aider à la prise de décision éclairée pour accélérer la transition énergétique et réduire nos émissions.

Le projet met un point d’honneur à encourager la participation citoyenne. Quelle est votre stratégie pour susciter l’adhésion des différentes parties prenantes ? Quel récit positif raconter pour embarquer tout le monde ? 

C’est tout le travail qui m’appartient en tant qu’élu : expliquer, rencontrer les publics pour présenter le projet et les actions entreprises. Depuis deux ans, j’ai à coeur de sortir La Rochelle Territoire Zéro Carbone de son carcan technocratique : lorsque l’on parle de transport, d’économie circulaire, de la captation carbone par les zones humides, de la production d’énergie en circuit court, au-delà de la complexité technique, on peut raconter de belles histoires et embarquer les publics.

Mais il y a des points de blocage. Si les entreprises ont tout de suite adhéré au projet, en comprenant rapidement les enjeux de compétitivité que la transition énergétique implique, il est a contrario plus difficile de convaincre les citoyens, qui craignent notamment que certains chantiers à proximité de zones habitées modifient leurs habitudes, leur environnement. Nous rencontrons ces freins au sujet de l’installation d’éoliennes, par exemple. Au-delà de la compréhension de l’urgence climatique, il y a donc une réelle question d’acceptabilité.

Nous entamons ainsi une consultation publique. Je fais actuellement le tour des 28 communes pour présenter nos trajectoires énergétiques, nos vulnérabilités, devant les conseils municipaux mais aussi devant les habitants eux-mêmes lors de réunions publiques. Il est primordial de faire de la pédagogie, d’expliquer aux citoyens les économies d’énergies qui doivent être réalisées d’ici 2030, 2040, combien d’énergie renouvelable il va falloir produire, ce que cela implique en nombre d’éoliennes, de méthaniseurs, de panneaux photovoltaïques…Même dans un territoire convaincu, tout l’enjeu réside dans le rapport entre l’urgence climatique et l’acceptabilité des solutions pour y faire face.

"Même dans un territoire convaincu, tout l’enjeu réside dans le rapport entre l’urgence climatique et l’acceptabilité des solutions pour y faire face."

Sur la question des énergies renouvelables justement, quels sont les chantiers menés à La Rochelle ? 

Nous explorons en ce moment la voie de l’agri-voltaïsme. L’objectif est d’aller vers des exploitations agricoles hybrides, alliant production agricole et production d’énergie sur le même territoire. Si l’éolien fait encore face à la réticence de nombre de citoyens dans les zones rurales, cette démarche semble quant à elle plus acceptable, désirable. Pour atteindre nos objectifs énergétiques de 2030 en énergie renouvelable sur l’ensemble du territoire de notre agglomération, il faudrait convertir 500 hectares de surface strictement agricole en surface hybride, soit 2% de la surface agricole utile dont nous disposons. Nous sommes en pleines discussions avec la profession, pour développer le projet en tentant également de lever les freins réglementaires. 

Qu’est-ce qui fait selon vous la particularité de la ville de La Rochelle ? Sa richesse, son attractivité, sa vitalité ? 

La politique de la ville en matière de développement durable en fait un territoire singulier. Nous nous inscrivons avec beaucoup de volontarisme dans la logique environnementale et sommes convaincus que le changement climatique est l’affaire de tous et que nous avons les moyens d’agir. Tout le monde a en tête l’image des “vélos jaunes”, premiers vélos en libre service à l’initiative de l’ancien maire Michel Crépeau. C’est une décision pionnière, qui nous a conféré cette réputation de “ville verte” à laquelle nous sommes très attachés.

Notre situation géographique sur le littoral a sans doute accéléré la prise de conscience des enjeux environnementaux – les Rochelais ne peuvent oublier les dégâts causés il y a treize ans par la tempête Xynthia. Le traumatisme de la montée des eaux a été très fort, car cet épisode a prouvé que la ville pouvait subir de plein fouet les effets négatifs du dérèglement climatique, l’érosion, la submersion…

La Rochelle est également une ville qui a souffert économiquement notamment sur le plan industriel, et a toujours su rebondir et se réinventer grâce à la culture de coopération et de solidarité entre les acteurs du territoire. Outre le tourisme, la ville a su déployer tout un écosystème de start-ups et d’entreprises, avec de belles réussites locales, dont le succès de l’entreprise Léa Nature est un bel exemple…

Et puis, bien évidemment c’est aussi une belle ville qui détient un patrimoine naturel et historique exceptionnel et une grande richesse culturelle, avec beaucoup de manifestations internationales : les Francofolies bien sûr, mais aussi le Festival du Film international et le Festival de la Fiction. Un territoire dynamique, attractif et résilient !

Interview#2

Le port atlantique de La Rochelle à l’épreuve des impératifs de décarbonation

Premier port en eaux profondes de la façade atlantique et sixième plus grand de France, le port de La Rochelle fait figure de pionnier avec sa politique de développement durable. Membre du consortium pilote du projet “La Rochelle Territoire Zéro Carbone”, cet outil au service de l’économie du territoire multiplie les initiatives pour s’adapter aux enjeux sociaux et environnementaux de demain. Rencontre avec Valérie Fernandes, vice-présidente du Conseil de développement du Grand Port Maritime et présidente de la commission Transition Écologique de la Place Portuaire.

Quel est votre rôle et votre activité au sein du port atlantique de La Rochelle ? 

Le grand port maritime de La Rochelle, sous statut de l’État, a deux instances principales de gouvernance : le conseil de surveillance et le conseil de développement, qui est consulté sur le projet stratégique et la politique tarifaire du Port, ainsi que sur tout autre sujet que pourraient lui soumettre le Conseil de Surveillance ou le Directoire. Je rapporte ainsi deux fois par an auprès du conseil de surveillance les actions du conseil de développement.

Dans ce cadre, le conseil de développement relève d’une grande importance sur la place portuaire de La Rochelle car il fait le lien entre l’autorité portuaire et toutes les parties prenantes de la place portuaire, soit les entreprises, les institutions, les représentants politiques, le comité de quartier ou encore les associations environnementales. Il donne ainsi lieu à un espace de discussion intéressant, à la fois source de lien et de communauté.

Quel poids l’activité portuaire représente-t-elle pour l’économie locale ? En quoi le port est-il un bassin de vitalité pour la ville ? 

L’activité du port constitue l’une des plus grandes activités économiques de la ville ainsi qu’un important bassin d’emploi. Chaque année, l’autorité portuaire et l’union maritime organisent « Cap sur l’économie portuaire », un rendez-vous incontournable pour faire se rencontrer employeurs et demandeurs d’emploi.

Les instances liées au port sont soucieuses de maintenir un lien durable avec l’ensemble des parties prenantes. Celles-ci notamment en ce qui concerne les nuisances sonores et la pollution. Le port qui s’est d’ailleurs progressivement fermé en raison de l’apparition de réglementations de sécurité, se trouve de nouveau dans une dynamique d’ouverture envers les habitants. L’autorité portuaire a ainsi créé la Maison du Port de manière à faire la jonction entre le port et le quartier de La Pallice. Elle organise également une fois par an en été la journée « Port ouvert » afin de permettre aux Rochelais d’accéder librement au port. Des liens sont également noués avec le milieu universitaire et scolaire avec des visites organisées pour les étudiants.

Vous présidez la commission transition écologique de la place portuaire. Quels sont les défis à relever dans le cadre de La Rochelle Territoire Zéro Carbone et comment le port s’inscrit-il dans cette démarche sociale et environnementale ? 

Notre objectif est la décarbonation. Membre dès le départ du consortium « La Rochelle Territoire zéro carbone », le port s’engage pleinement sur cette voie pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2040. Nous souhaitons notamment réduire nos émissions par le déploiement de moyens de compensation et de captation de CO2.

Pour ce faire, nous mettons par exemple en œuvre une logistique mutualisée bas carbone qui passe par le déploiement d’une unité de récupération de l’hydrogène et le renouvellement de la mobilité portuaire avec des actions inter-entreprises de covoiturage sur la place portuaire. Nous développons par ailleurs la solarisation des toitures des entrepôts pour la production d’électricité.

La préservation de la biodiversité du littoral figure également parmi nos engagements avec la protection d’aires marines et la création d’un fonds vert qui dirige les investissements des entreprises vers la transition écologique. Le port cherche d’autre part à produire sa propre énergie verte avec une boucle énergétique d’autoconsommation. Signe d’exemplarité, le port de La Rochelle est d’ailleurs le premier port à détenir la norme ISO 26000, relative à la responsabilité sociétale des entreprises.

Comment concilier l’innovation pour l’attractivité du port et la conservation des milieux naturels ? 

Le port est situé à proximité d’une zone de production de fruits de mer, les acteurs de la filière sont dès lors très attentifs aux activités du port. En ce qui concerne les rejets dans l’océan, cette activité est très maîtrisée. Nous avons mis en place des plans de prévention et mesurons l’eau le matin et le soir afin de limiter les risques. Nous sommes d’autant plus vigilants que les associations environnementales s’intéressent de très près aux activités du port et à leur impact sur la biodiversité.

En parallèle de ces actions, la commission que j’anime invite les parties prenantes de la place portuaire à participer aux travaux. Nous réalisons ainsi du partage d’expérience sur la transition écologique avec des entreprises ou des institutions comme la Sirène, une salle de spectacle qui surplombe le port. C’est ainsi collectivement que nous avons conçu la charte de développement durable du port, avec l’ambition commune de passer de la sensibilisation à l’action. Celle-ci repose d’ailleurs sur un référentiel international et comprend notamment les objectifs de développement durable de l’ONU.

La place portuaire cherche également à améliorer sa compétitivité en anticipant des chantiers d’avenir. Il est par exemple question d’accompagner le changement de modèle économique de certaines nouvelles filières comme l’éolien flottant. Le port de La Rochelle prend également position et a décidé, aux côtés des acteurs économiques de la ville et l’office de tourisme, de diminuer le nombre de croisières. Nous souhaitons aussi créer et animer un centre inter-ports qui impliquerait les autres ports rochelais comme le port de commerce, mais aussi les ports de pêche et de plaisance.

Comment décririez-vous la ville en quelques mots ? Qu’y affectionnez-vous particulièrement ? 

La ville porte en elle un réel esprit d’avant-garde. Celle que l’on appelle “La Rochelle la rebelle” sait affirmer sa singularité et opère depuis longtemps des choix pionniers pour anticiper les enjeux du changement climatique comme le déploiement des vélos jaunes, des voitures électriques en libre-service et la piétonnisation de centre-ville.

Ville verte et jeune qui regorge de talents, La Rochelle est aussi une ville duale, oscillant entre terre et mer, prête à relever les défis économiques, écologiques et sociaux aux côtés des citoyens.

Interview#3

Les Francofolies de La Rochelle, port d'attache incontournable de la nouvelle scène francophone

Créé en 1985 par Jean-Louis Foulquier, le festival des Francofolies rassemble chaque mois de juillet artistes de la scène francophone et festivaliers dans le décor historique de la ville de La Rochelle. Alors que la 39ème édition s’ouvre dans quelques jours, rencontre avec Émilie Yakich, co-directrice du festival, qui œuvre depuis 20 ans au déploiement de ce projet singulier et audacieux dans le paysage culturel.

Pouvez-vous nous raconter la genèse du festival et ce qui fait sa singularité ? 

Les Francofolies sont nées d’une volonté politique forte, celle de créer un événement médiatique et fédérateur loin de Paris. Initiées par Jean-Louis Foulquier, ancien animateur sur Radio France et très connu du grand public en tant que spécialiste de la chanson, les Francofolies se sont imposées dans le paysage des festivals grâce à une ligne éditoriale forte, axée sur la scène française et francophone émergente. Depuis ses débuts, le festival s’attache à programmer des artistes qui débutent, aux côtés de grandes têtes d’affiches. C’est ainsi que la première année, les Rita Mitsouko ont pu faire leurs premiers pas à La Rochelle. Encore aujourd’hui, nous veillons à ce que la programmation soit consacrée à 60% aux artistes qui n’ont encore jamais foulé la scène du festival. Ces trois piliers fondateurs – l’ancrage territorial, la ligne éditoriale pro-francophonie et le soutien à la scène émergente – sont une véritable boussole pour toutes nos actions.

Le festival a également su tisser des liens à l’international pour déployer d’autres Francofolies dans le monde. On compte aujourd’hui 7 Francofolies indépendantes, à Montréal, en Nouvelle-Calédonie, à La Réunion, en Belgique, au Luxembourg ou encore en Bulgarie. 

"C’est aussi dans l’histoire du festival de rayonner à La Rochelle et au-delà et d’accueillir des artistes de tous ces territoires."

© bydimworks

Qu’est-ce qui explique selon vous sa notoriété et sa longévité ? 

Nous avons su garder ce cap et nous renouveler à la fois : proposer des nouveautés, adapter notre programmation pour tous les publics. Nous veillons à ce que tout le monde puisse se reconnaître dans les spectacles, en multipliant les expériences, au-delà des concerts. Nous avons ainsi lancé les Francos juniors tous les matins à destination des enfants, “les Folles Rencontres” qui sont des rencontres littéraires autour de la musique, le concept “J’ai la mémoire qui chante”, avec chaque jour une personnalité qui vient partager cinq chansons qui ont marqué sa vie, mais aussi la projection de documentaires musicaux ou encore des balades chantées organisées avec l’office de tourisme dans les rues de la ville. Les Francofolies ne sont pas uniquement une série de concerts sur scène, mais une expérience musicale complète, qui accompagne les festivaliers le matin, en soirée, en journée, qu’on soit en famille ou entre amis.

Et ce format semble conquérir nos publics, puisque 16% d’entre eux indiquait venir depuis au moins 6 éditions en 2022. Nous observons une grande fidélité des publics, qui y trouvent ce qu’ils cherchent selon leur humeur, leur budget et leur rythme. Si la ville s’est positionnée très tôt sur le créneau culturel, avec de nombreux festivals (festival international du film, du film d’aventure, de la fiction, les escales documentaires…), les Francofolies ont été le premier événement rochelais populaire et accessible à tous. C’est cet esprit des Francofolies qui fait que les publics s’attachent à ce festival à taille humaine, en plein cœur de ville.

Et justement, qui sont vos publics ? Plutôt des locaux, des touristes ? 

Environ 48% sont issus de la région Nouvelle-Aquitaine, 10% d’Ile-de-France et le reste, issu des autres régions de France. Chaque année, nous estimons les visiteurs à environ 150 000 sur les cinq jours. Mais le calcul est particulier puisque nous sommes présents dans dix lieux de la ville (la grande scène, les scènes découverte comme la Coursive, des salles de musiques actuelles comme la Sirène ou encore certains lieux du patrimoine pour nos balades et conférences chantées), et proposons un grand nombre de programmes en accès libre.

Les Francofolies sont un événement médiatique mais nous ne sommes pas un gros festival. Ce qui nous anime n’est pas la quantité de festivaliers mais la qualité de notre accueil.

© bydimworks

La crise sanitaire et ses répercussions sur le monde du spectacle a-t-elle impacté fortement les Francofolies ? Comment avez-vous rebondi ? 

Les Francofolies ont la particularité de n’avoir été annulées ni en 2020 ni en 2021. En 2020, nous nous sommes mis en ordre de bataille pour réfléchir à une réinvention du festival afin de maintenir son édition malgré le Covid. Comment faire résonner la musique tout de même dans la ville ? Comment garder ce lien avec les publics malgré les restrictions sanitaires ? En cinq jours, nous avons réussi à monter de toute pièce une édition alternative du festival, intitulée “Y’a des Francos dans l’air”, un ensemble de concerts gratuits, des balades chantées, des films en plein air, des expositions et même une radio éphémère.

En 2021, nous avons eu beaucoup de chance, puisque le 23 juin, les annonces gouvernementales autorisaient de nouveau les concerts debout. Mais nous avons étudié au moins 7 versions du festival pour que celui-ci ait lieu, en dépit des conditions sanitaires.

Le festival semble être en perpétuelle réinvention. Pouvez-vous nous parler du projet “Mes Francos demain”? 

Depuis plus de dix ans, nous nous engageons à trouver un juste équilibre entre les notions sociales, environnementales et économiques. Mes Francos demain rassemble toutes nos démarches RSE, pour continuer à faire vivre le festival autour de nos grands axes prioritaires : le soutien des jeunes artistes, le lien avec les acteurs du territoire et le déploiement d’un projet social et solidaire, avec une grande importance accordée à la médiation culturelle et artistique.

La crise du Covid a joué un rôle d’accélérateur, puisque nous veillons depuis à rendre le festival encore plus accessible à tous : par l’ouverture de notre programmation musicale à la diversité des genres (scène métal, électro…) mais aussi par des actions solidaires destinées à démocratiser l’accès au festival. C’est ainsi que nous avons imaginé le principe de billets suspendus avec le Secours Populaire, un principe de cagnotte simple permettant aux spectateurs de faire un don reversé à l’association pour offrir des billets à ses adhérents. Nous sommes très fiers de cette initiative qui a prouvé son succès et a même été reprise par les Jeux Olympiques de 2024 !

En 2023, nous gardons cette ambition d’être un événement rassembleur, tout en restant raisonnable et responsable. Nous souhaitons mesurer nos élans, pour garder cette proximité avec les publics, limiter notre impact environnemental, faire primer la qualité sur la quantité et offrir une programmation qui fasse la part belle aux émotions.

Rochelaise d’adoption depuis vingt ans, à quoi tient votre attachement à la ville ? 

J’aime cette ville pour sa lumière. Moi qui viens des terres, j’ai découvert cette lumière folle, propre au bord de mer. Et puis, il y a les marées : lorsque le temps est couvert le matin, le ciel peut s’éclaircir l’après-midi. C’est fabuleux, cela donne un rythme et un ton. Une musique particulière, grâce à laquelle on peut se laisser distraire par ce qui nous entoure.

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