Interview#1
Une nouvelle feuille de route pour Bordeaux - entre défis d’attractivité du territoire et ambitions de ville écologique et solidaire
Avocat de profession, membre d’EELV, Pierre Hurmic est élu maire de Bordeaux le 3 juillet 2020, faisant basculer la ville, bastion historique de la droite depuis 73 ans, dans le camp des écologistes et de la gauche. La campagne municipale de 2020 et le projet « Bordeaux Respire » séduisent les Bordelais, faisant de Pierre Hurmic le premier maire écologiste de la ville. Focus sur ce nouveau souffle politique et sur les nouveaux axes de développement de celle que l’on surnomme poétiquement le « Port de la Lune. »
Premier maire écologiste de Bordeaux, vous avez détrôné l’ère Chaban-Juppé-Florian, après 73 ans de politique municipale dirigée par la droite. Qu’est-ce qui explique selon vous ce nouveau souffle bordelais ?
À Bordeaux, notre élection a concrétisé une véritable aspiration de changement politique des Bordelaises et Bordelais. Nous avons été élus sur nos propositions de réponses à trois grandes urgences : l’urgence écologique et climatique ; l’urgence sociale et l’urgence démocratique.
Votre programme de campagne était basé sur 3 grands axes : citoyenneté active, développement des solidarités et embellissement de la ville. Au cours de ces deux dernières années, quelles mesures prioritaires avez-vous mises en œuvre ?
Nous voulons passer d’une démocratie intermittente, qui ne s’exprime que lors des élections, à une démocratie permanente où les citoyens sont pleinement acteurs de la vie municipale. Nous avons ainsi adopté un « contrat démocratique » qui part du postulat que les habitants doivent se mêler de ce qui les regarde. Il s’appuie sur deux piliers : la délibération et l’action. Nous avons ainsi fabriqué un Parlement mobile et avons entamé un grand dialogue citoyen, nous soutenons fortement les initiatives citoyennes, notamment à travers notre budget participatif.
Nous mobilisons actuellement l’ensemble des acteurs des solidarités pour décliner avec eux les actions de Bordeaux Terre de Solidarités. La solidarité, dans notre conception, ne vise pas uniquement à nourrir ceux qui en ont besoin, mais bien à leur permettre de répondre à leurs différents besoins. La Ville doit prendre toute sa part dans la réponse aux besoins fondamentaux des plus vulnérables, en particulier la mise à l’abri. C’est pour cela que nous avons tenu à organiser la Nuit de la Solidarité en 2022 et que nous avons construit des dispositifs expérimentaux de mise à l’abri inconditionnelle.
En parallèle, nous devons continuer à organiser l’accès de toutes et tous à l’ensemble des services bordelais : culture, sport, participation… Nous devons intervenir en solidarité pour que chacune et chacun puisse accéder à l’émancipation et à l’épanouissement individuels.
Enfin, j’ai décrété l’urgence climatique dès mon arrivée. Elle se traduit dans nos actions par l’axe Bordeaux grandeur Nature : avec la végétalisation de la ville pour la rendre plus agréable à vivre et lutter contre les îlots de chaleur, la préservation de nos derniers espaces de nature et l’apaisement des mobilités avec l’extension du secteur piétonnier, la réduction de la vitesse en ville, le développement des pistes cyclables, pour ne citer que quelques exemples.
Si le verdissement de la ville est un de vos chantiers prioritaires, la question du logement est un sujet complexe pour Bordeaux, qui attire de plus en plus de résidents et subit en même temps de plein fouet la tension immobilière. Quelle réponse politique apportez-vous aux Bordelais ?
Notre réponse, c’est une intervention politique forte. Bordeaux avait été laissée comme champs libre pour les opérateurs et la promotion privée depuis plusieurs années, ce qui a engendré une hausse des prix et une baisse de la qualité des logements mis sur le marché. Notre réponse, sur tous les plans, est celle d’une action fortement régulatrice :
- Pour augmenter la production de logement social et répondre aux besoins des 15 000 Bordelaises et Bordelais en attente (modification du PLU en cours) ;
- Pour encadrer les prix et l’évolution des logements sur le marché privé (encadrement des loyers, mise en place du permis de louer et du permis de diviser) ;
- Pour améliorer la qualité écologique et d’habitat du bâti : avec le Label Bâtiment Frugal Bordelais (matériaux biosourcés, obligation d’espaces extérieurs, logements traversants, etc.), et via un renforcement de la politique de lutte contre l’habitat dégradé ou indigne.
« Nous voulons passer d’une démocratie intermittente, qui ne s’exprime que lors des élections, à une démocratie permanente où les citoyens sont pleinement acteurs de la vie municipale. »
Cette forte demande immobilière témoigne aussi de l’attractivité croissante du territoire, également sur le plan économique. Critique de l’appellation marketing “Magnetic Bordeaux”, ancien support à l’attractivité économique de la ville, quelle feuille de route pour le développement économique de Bordeaux souhaitez-vous porter à la place ?
La ville « magnétique » appartient à l’ancien monde. Nous prônons un développement local soutenable. Les entreprises sont les bienvenues à Bordeaux, mais elles doivent apporter des garanties concernant leur impact positif. Nous voulons aussi créer les activités et les emplois de demain, en nous appuyant sur l’économie sociale et solidaire et plus largement sur toutes les entreprises qui veulent participer à la transition. Le projet Ikos de création d’un village du réemploi à Bordeaux Nord en est emblématique. Nous avons également pris l’initiative de fédérer et mettre en mouvement les entreprises autour des enjeux de responsabilité territoriale. Les entreprises y sont très réceptives.
Le nouveau schéma économique de développement de Bordeaux Métropole adopté en novembre dernier mise sur la croissance verte et l’innovation. Quels secteurs d’activité et investisseurs souhaitez-vous attirer, et sous quelles conditions ?
Bordeaux est devenue ces derniers mois la capitale mondiale de l’économie sociale et solidaire en étant élue ville-présidente et siège du secrétariat permanent du Global Social Economy Forum (GSEF) après Séoul. C’est un signal important que nous envoyons. Les entreprises qui veulent participer avec nous à la transition écologique sont les bienvenues. Récemment, une entreprise leader international dans le domaine de l’ESG s’est installée à Bordeaux pour profiter de ce rayonnement nouveau de la ville. Pour maîtriser notre développement économique, notre attractivité doit être plus sélective et surtout participer de l’invention de l’économie de demain.
Enfin, à titre plus personnel : quelle est la singularité, selon vous, du territoire girondin ? Qu’est-ce que vous y affectionnez et qu’avez-vous envie d’y voir se développer à plus long terme ?
La Gironde a le mérite d’offrir un littoral sauvage et préservé, une campagne riche de sa diversité autour du vin et une capitale régionale porteuse d’innovations écologiques, sociales et démocratiques. C’est aussi un territoire au patrimoine architectural riche, à la culture foisonnante. Cette diversité porte en elle un socle de valeurs communes telle que la convivialité, la modération et la douceur de vivre. Tout cela explique mon attachement à ce territoire et mon désir d’en valoriser ses atouts. À plus long terme je souhaite que cette dimension du bien vivre se traduise concrètement par le développement à Bordeaux, et pour le plus grand nombre, d’une alimentation locale, saine et gourmande, que notre ville devienne une référence en matière de qualité alimentaire. C’est là tout le sens de notre politique Bordeaux : recettes d’avenir !
Interview#2
La Cité du Vin - un lieu unique au monde pour explorer les cultures du vin
Poitevin d’origine, ancien directeur marketing du Futuroscope, Philippe Massol dirige la Cité du Vin à Bordeaux depuis son ouverture en 2016. Lieu phare de l’oenotourisme, classé parmi les meilleurs musées du monde par National Geographic, la Cité du Vin est devenue un établissement incontournable, qui accueille chaque année plus de 400 000 visiteurs. Un succès territorial, national et mondial, qui confère à la ville, déjà célèbre pour son vignoble, une place singulière au cœur du patrimoine du vin.
La Cité du Vin, inaugurée en 2016, est devenue un véritable “totem” pour Bordeaux. Comment est né ce projet, lieu emblématique de l’œnotourisme ?
Les contours d’un tel projet étaient en discussion depuis plusieurs années. Dès 2004, l’idée de positionner Bordeaux comme référence du patrimoine vinicole avait bourgeonné, lorsque la ville avait postulé pour devenir capitale européenne de la culture. Quelques années plus tard, Alain Juppé, accompagné de Sylvie Cazes, présidente de l’Union des Grands Crus de Bordeaux, remet le sujet au goût du jour dans le cadre des élections municipales de 2008, en proposant la création d’un centre culturel du vin, afin de resserrer les liens entre la ville et son vignoble mais aussi de développer l’œnotourisme.
Arrivé en 2007 à Bordeaux, c’est ma rencontre avec Sylvie Cazes qui me fait rejoindre l’aventure. D’une page blanche, nous avons tout à construire. Le projet est ambitieux, promettant de projeter Bordeaux et son vignoble vers l’avenir. Comme en témoigne l’architecture choisie, résolument futuriste, fortement inspirée du musée Guggenheim de Bilbao.
Pour voir le jour, ce lieu dédié au vin doit bénéficier du soutien de tous les acteurs clés de la métropole, mais également de toute la filière. Et lever des fonds pour se financer, notamment grâce au mécénat. Nous créons la Fondation pour la culture et les civilisations du vin, dans le but de rendre accessible au plus grand nombre le patrimoine culturel, universel et vivant du vin. Puis, nous nous organisons, en association de préfiguration, avec la ville de Bordeaux, la Communauté urbaine de Bordeaux, la Région et la Chambre de commerce et d’industrie, pour lancer les premières études de faisabilité juridique et financière. La ville de Bordeaux prend ensuite en charge la maîtrise d’ouvrage du projet ; celui-ci démarre alors concrètement.
« Nous ne faisons pas la promotion du vignoble bordelais, mais portons une ambition globale, celle d’explorer l’univers du vin, son histoire, sa culture, ses particularités, à l’échelle de la planète. »
Qu’est ce qui fait la particularité de la Cité du vin à Bordeaux, notamment par rapport à d’autres établissements dédiés au vin comme à Dijon ou à Beaune ?
Notre parti pris : créer un lieu ouvert consacré à la dimension patrimoniale, culturelle, civilisationnelle et universelle du vin. Nous ne faisons pas la promotion du vignoble bordelais, mais portons une ambition globale, celle d’explorer l’univers du vin, son histoire, sa culture, ses particularités, à l’échelle de la planète. Grâce à ce choix culturel, nous offrons à nos publics la possibilité de faire un tour du monde, sans se cantonner à notre terroir.
La Cité du Vin crée également un cercle vertueux avec le tourisme lié à nos vignobles, puisque de manière indirecte, nous donnons envie de découvrir le patrimoine viticole du territoire… 20% des visiteurs déclarent que la Cité du Vin a été l’élément déclencheur de leur venue à Bordeaux. Nous avons donc un impact très net sur le territoire, en termes de retombées économiques. Par ailleurs, nous bénéficions d’un réel soutien de la filière, puisque nous avons levé 21 millions d’euros de mécénat, dont 90% issus de sociétés dont l’activité est liée au vin. Grâce à ce projet, Bordeaux a pu s’affirmer comme une place forte incontournable dans le domaine du vin.
Vous avez franchi le cap des 2 millions de visiteurs. Qui sont vos publics ? Et quelle est votre stratégie pour attirer de nouvelles cibles ?
Notre public a beaucoup évolué depuis l’inauguration. La première année, 25% de notre clientèle venait de Bordeaux, souvent par curiosité. Ainsi en 5 ans, un tiers des habitants de la métropole a visité la Cité du Vin. Aujourd’hui, 12% de notre public est d’origine bordelaise, et nous dénombrons 10% d’”excursionnistes”, à savoir des visiteurs qui habitent à environ 2h de la ville et viennent découvrir l’offre culturelle voisine. Ce qui a le plus évolué, c’est la part du public étranger : si à nos débuts, elle représentait environ 25% elle atteignait déjà 46% en 2019.
Le concept de la Cité du Vin dynamise ainsi l’attractivité touristique de la ville sur le plan international. Preuve que tout le travail mené par le comité scientifique en charge des expositions et du Parcours permanent porte ses fruits au-delà des frontières. Nous entamons aussi un vaste programme de rénovation pour varier les parcours de visite, surprendre nos publics, les fidéliser, leur donner envie de revenir. Afterworks, dégustations, expositions, changement des modules ou des contenus multimédias proposés, nos équipes sont entièrement mobilisées pour renouveler une partie de notre offre d’ici février 2023. Nous aurons par exemple un nouveau parcours pensé pour faire vivre les 18 mois d’un millésime, un module sur les bons gestes de la dégustation, ainsi qu’un espace important dédié à la fabrication du vin.
D’ici-là, notre nouvelle exposition dédiée à Picasso et au vin, intitulée “Picasso, l’effervescence des formes” explore la place du vin et des alcools populaires dans l’œuvre du peintre, à travers une large variété de thématiques et de supports (peintures, dessins, céramiques, films…).
Un mot sur votre ville d’adoption…. qu’affectionnez-vous particulièrement à Bordeaux ?
La douceur de vivre, cette tranquillité qui peut rappeler à certains égards le rythme de vie des îles. Ayant beaucoup travaillé à La Réunion, je ne m’attendais pas à retrouver cette forme de calme en arrivant à Bordeaux. C’est aussi un territoire très vert, à une heure de route de l’océan et deux heures des Pyrénées. Et puis, la ville s’est considérablement métamorphosée sous l’impulsion d’Alain Juppé. Un maire urbaniste, qui a su donner une autre image à la ville, en la rendant touristique en tant que telle, au-delà de ses vignobles alentour.
visiteurs
depuis 2016
Interview#3
La French Tech Bordeaux, levier de vitalité économique de la région bordelaise
Électronicien de formation, ancien directeur du département Métiers du Multimédia et de l’Internet de l’IUT Montaigne, Philippe Métayer est à la tête de la French Tech Bordeaux depuis 2018. En 2015, il rejoint la Métropole de Bordeaux en tant qu’”ecosystem manager”, avec pour mission de développer l’écosystème global de l’innovation. Fort de cette expérience, ce passionné de nouveaux médias et de technologies devient une figure privilégiée pour prendre les rênes du réseau de start-up de Bordeaux. La rédaction l’a interrogé sur le bouillonnement entrepreneurial de la capitale girondine.
Vous êtes à la tête de la French Tech depuis bientôt 4 ans. Quel est précisément le rôle de cette association ?
La French Tech est un label créé par l’État en 2014. L’objectif de l’association est d’attribuer ce label à des écosystèmes et des territoires dynamiques et porteurs d’innovations au pluriel. Si on pense tout de suite à l’innovation technologique, il existe également de l’innovation d’usages, de procédés, de modèles d’affaires, de l’innovation sociale et environnementale… Notre rôle est de valoriser et de fédérer toutes ces formes d’innovation mais aussi tous ses acteurs.
La French Tech rassemble ainsi des entrepreneurs, des chercheurs, des investisseurs, des collectivités publiques et des élus, mais aussi des écoles et des universités. Aujourd’hui, 120 réseaux sont labellisés French Tech dans le monde. Nous sommes à la fois les tiers de confiance de l’ensemble des acteurs de l’innovation, des facilitateurs d’entrepreneuriat et une « marque ombrelle » de l’écosystème global, pour l’aider à se développer.
Nous guidons les entrepreneurs dans leurs décisions, dans leur sélection d’investisseurs, et les aidons à se structurer, s’organiser, recruter…Nous portons en quelque sorte un « regard bienveillant » pour les aider à faire les bons choix, en les mettant en relation avec des acteurs de confiance de notre réseau.
Et plus concrètement, quels outils proposez-vous aux entrepreneurs ?
La French Tech est un label très visible, qui a permis de développer considérablement la marque employeur des start-up. Nous avons une formidable efficacité pour faire connaître les entreprises. Aujourd’hui, nous déployons des dispositifs concrets pour mieux les soutenir dans la construction de leur projet d’entreprise. Nous avons, par exemple, développé des partenariats avec des structures d’accompagnement (pépinières, incubateurs, technopoles, accélérateurs…) qui aident les porteurs de projets au quotidien sur des problématiques stratégiques. Notre rôle est de proposer de la mise en relation qualifiée.
Nous avons également créé un Guide de l’accompagnement, totalement gratuit, un document inédit qui référence 70 structures d’accompagnement sur tout le territoire, pour aider à mieux orienter les entrepreneurs et simplifier leurs démarches.
Et puis, nous nous appuyons beaucoup sur des experts et des acteurs publics. Nous avons imaginé la plateforme French Tech Central – une sorte de Doctolib de l’entrepreneur – qui permet d’être mis en relation rapidement avec des experts de l’Urssaf, de l’INPI, des douanes, de l’ANSSI ou encore de Business France…., habilités à répondre aux questions que se posent les entrepreneurs.
Nous travaillons aussi avec les écoles, les universités, pour faire gagner du temps aux futurs porteurs de projets face au foisonnement des formations, des parcours et face à la jungle des intitulés de métiers…etc. Nous faisons du tri, du référencement, de la pédagogie. En novembre dernier, nous avons ainsi publié le Guide des métiers dans la Tech et les start-up, pour identifier les noms de métiers et de compétences. Un guide là-encore accessible gratuitement, qui a été consulté plus de 500 000 fois en une semaine, preuve qu’il y a une réelle demande de lisibilité au sein de l’écosystème de l’innovation.
Toutes ces actions permettent d’animer efficacement le réseau : 1 300 entreprises sont fédérées par la French Tech Bordeaux, ce qui représente 30 000 emplois hors grands groupes. C’est donc aussi un excellent moteur d’emploi pour le territoire, dans tous les secteurs d’activité : aéronautique, santé, e-commerce, digital, économie circulaire, agriculture, mobilité, fintech, industries créatives… Nous proposons une approche réellement transversale, qui permet un même langage, celui de l’innovation, au sein de secteurs différents.
entreprises
fédérées par la french tech
Quel est le périmètre d’intervention de la French Tech Bordeaux ? Votre action est-elle limitée au territoire bordelais ?
Aux débuts de la French Tech, le périmètre d’intervention était restreint à l’échelle métropolitaine. Aujourd’hui, la labellisation concerne un rayon de 100km. Pour le territoire de la French Tech, cela correspond ainsi plus ou moins à la Gironde.
Par ailleurs, l’Etat a mis en place deux niveaux de labellisation depuis 2019 : Capitale French Tech et Communauté French Tech. Bordeaux a la chance d’être labellisée Capitale. Nous avons ainsi la mission de déployer des programmes nationaux, avec pour ambition d’accélérer l’emploi, le développement du réseau et l’impact positif des projets au sein de l’écosystème. Étant la seule Capitale French Tech de Nouvelle Aquitaine, Bordeaux joue plus largement le rôle de locomotive forte pour tout le réseau French Tech de la région, qui est doté de 6 communautés French Tech sur l’ensemble de la Nouvelle-Aquitaine.
Les créateurs d’entreprises que vous fédérez sont-ils eux-mêmes originaires de Bordeaux ?
Certaines entreprises viennent d’ailleurs et s’implantent à Bordeaux, en créant des annexes ou en ouvrant des bureaux sur le territoire. C’est le cas par exemple de ManoMano ou encore de Back Market. À l’inverse, certaines entreprises moins visibles, créées à Bordeaux, se développent à l’international. Par exemple, TreeFrog Therapeutics, une biotech créée à Pessac, qui ambitionne de rendre accessibles à des millions de patients les thérapies cellulaires, connaît un développement phénoménal et va s’exporter à Boston et au Japon.
Tehtris dans le domaine de la cybersécurité, a fait une première levée de fonds de 20 millions d’euros dans le but d’être leader européen dans son secteur. L’aventure commencée avec 2 personnes, il y a 10 ans, représente aujourd’hui près de 400 collaborateurs. Citons également Geosat, une entreprise de relevés topographiques, qui scanne des environnements urbains – des données très utilisées dans le domaine des travaux publics, notamment en vue de la préparation des véhicules autonomes, et qui développe sa croissance à l’international.
En tant qu’observateur quotidien du dynamisme entrepreneurial de Bordeaux, quelle est selon vous la singularité du territoire girondin sur le plan économique ?
Je vis ici depuis bientôt 20 ans. Sans chauvinisme aucun, nous avons absolument tout ce qu’il faut à Bordeaux ! La qualité de vie bien sûr, mais aussi le bien entreprendre.
Bordeaux a la chance de présenter un écosystème avec un très grand nombre d’étudiants, un important vivier d’écoles et de talents, beaucoup de structures d’accompagnement (pépinières, technopoles), et de pouvoir s’appuyer sur le soutien des collectivités locales et des acteurs publics : de Bordeaux Métropole, de la région Nouvelle-Aquitaine et de la CCI Bordeaux-Gironde. Ensemble avec ces acteurs, nous avons un souci collectif du triptyque croissance, création locale d’emplois et impact positif. Nous mettons un point d’honneur à promouvoir et soutenir les projets à impact, durables, respectueux des humains et de la planète. Toutes les études montrent qu’un écosystème est d’autant plus performant qu’il est représentatif de la société dans laquelle on vit : inclusif, diversifié et soucieux de son empreinte sur le territoire.
Aujourd’hui, Bordeaux est un réel territoire d’innovations – une appellation que j’affectionne particulièrement, car elle exprime à la fois la notion culturelle de terroir et la dimension plurielle de l’innovation, qui nous est chère.
« Nous mettons un point d’honneur à promouvoir et soutenir les projets à impact, durables, respectueux des humains et de la planète. »