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30.08.23

Stella Dupont : favoriser la transparence pour renouer le lien

       Stella Dupont, membre du Parti socialiste puis de Renaissance est députée de la deuxième circonscription du Maine-et-Loire depuis 2017. Elle revient avec nous sur les raisons de son engagement politique au travers de ses différents mandats, le lien avec les citoyens et sa vision de la transparence. Entretien.

Quel a été le moteur de votre engagement en politique ?

L’envie de s’engager a toujours été présente. Je l’ai développée en devenant déléguée de classe pendant ma scolarité, mais aussi à travers un engagement sportif. Mes premières responsabilités politiques, je les exerce au conseil municipal de mon village de naissance en 2001.

En 2003, alors que j’assistais à une séance du Conseil général de Maine-et-Loire, j’ai été choquée par l’absence de jeunes et de femmes parmi les élus. Cette prise de conscience m’a poussée renforcer mon engagement car les questions de la représentativité et de la place des femmes m’importent beaucoup. Je me suis alors présentée et ait été élue conseillère générale en 2004. L’attachement au collectif, l’intérêt de représenter et de porter la parole des citoyens sont donc à l’origine de ma mobilisation.

J’ai ensuite été élue Maire de la commune de Chalonnes-sur-Loire en 2015, et ai exercé un mandat régional, avant de me présenter à la députation après l’investiture de la République en marche.

Le mandat de maire est souvent présenté comme le plus riche, mais aussi un des plus difficiles et des plus prenants. Comment concevez-vous la fonction ?

Le mandat de maire est à la fois passionnant et très enrichissant. Il consiste à entretenir un lien de proximité avec nos concitoyens pour répondre aux problématiques du quotidien. Le maire permet à la commune de se projeter vers son avenir, de porter un projet qui s’inscrit dans le moyen et le long terme. Il joue un rôle primordial, c’est un engagement de tous les instants qui implique beaucoup de sacrifices, notamment au regard de sa vie privée. C’est véritablement en l’exerçant que j’ai perçu tous les enjeux et toutes les contraintes personnelles auxquelles je m’exposais.

Avez-vous senti des évolutions dans l’exercice du mandat avec le temps ?

Je note que l’attente de proximité est toujours présente et que le maire reste le vrai contact avec le territoire et ses habitants.

L’organisation territoriale telle qu’elle existe aujourd’hui ne permet pas toujours d’y répondre. Par exemple, avec mon expérience de conseillère régionale et départementale, je trouve que la révision du périmètre d’élection des cantons pour les élections départementales a pu contribuer à un éloignement relatif. Quand j’étais élue au Département le canton était assez resserré, ce qui me permettait de bien connaître ses administrés. Aujourd’hui, cet échelon est moins visible car son périmètre est plus large. S’il devait y avoir une réflexion sur une évolution future, je pense qu’il faudrait veiller à renforcer le lien territorial avec les élus en repensant ces découpages.

Parmi les autres évolutions, je constate par ailleurs que dans notre société de l’immédiateté les administrés s’attendent à des réponses extrêmement réactives. C’est en parti dû aux outils numériques qui facilitent les interactions avec les collectivités alors que les moyens humains se réduisent. Autrefois, les personnes prenaient rendez-vous pour échanger, c’était un effort personnel, désormais, les mails et les tweets sont rapidement envoyés et nous sommes constamment submergés de demandes.

Cela représente une source de tension tant du côté des élus que des services qui sont en première ligne. Tout le monde a ce sentiment de moindre patience et d’absence de souplesse face au collectif. Le phénomène d’accélération préexistait avant la covid mais je pense que la pandémie l’a accentué.

En plus de cette proximité, la société attend également de leur élu une plus grande transparence. Comment percevez-vous cette exigence ?

Cela fait partie des valeurs que je porte, c’est un de mes leitmotiv. Je pense que parler des crédits alloués aux parlementaires et de leur rémunération est aujourd’hui nécessaire car la transparence est la meilleure façon de lutter contre les a priori et les critiques. J’essaie également de rendre publics les rendez-vous les plus importants bien que tout ne soit pas partageable non plus.

Je trouve que la transparence et le cadre de la charte de la HATVP s’imposent dans un monde de défiance. En revanche, je suis gênée par le fait qu’elle concerne également nos conjoints et nos enfants. Nous n’avons pas encore trouvé le bon équilibre car nos familles n’ont pas forcément besoin de se plier autant à cette transparence. Par ailleurs, le contrôle des frais de mandat est lourd et coûteux et gagnerait à être simplifié étant donné qu’il y a souvent peu d’écart et de rectification.

Vous avez récemment pris position favorablement pour l’organisation d’une Convention citoyenne sur le sujet de la Migration à la suite de l’appel de l’association « Pour un débat apaisé ». Que pourrait apporter cet exercice selon vous ?

Les migrations sont un sujet d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Il y a beaucoup trop de représentations fausses à propos du phénomène migratoire dans notre pays. Lorsqu’on essaie d’objectiver la réalité des données, nous voyons bien que nous ne sommes pas dans un état de submersion mais dans une situation mesurée. Par ailleurs, je constate chaque jour l’instrumentalisation qui est faite du phénomène et de l’impact négatif sur la perception de nos concitoyens.

À ce titre, je pense qu’une Convention citoyenne, permettant un travail de fond, rendrait possible d’exposer de façon approfondie le sujet dans toute sa complexité, tout en ayant pleinement confiance dans l’intelligence collective.

Je crains évidemment la possible récupération et instrumentalisation de ces débats, mais compte tenu des réalités locales, et des exemples positifs d’accueil et d’intégration sur le terrain qui existent et dont on parle trop peu, je ne peux pas croire que la conclusion s’orienterait vers des propositions prônant le repli sur soi.

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