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03.05.23

Un maître de mesure

Mon instituteur de CM2, Monsieur Mandon, représente pour moi l’exemple parfait d’un professeur de mesure.

Avec sa blouse grise, sa règle sans cesse à la main, sa voix claire et nette, ses mots précis posés sur un accent gascon qui les décomposait naturellement, il dégageait une autorité incontestable. Dans notre bruyante école de garçons d’un quartier populaire de la rive droite bordelaise, monsieur Mandon n’a jamais connu un chahut ou un manque de respect. Son rôle d’éducateur paraissait incontestable.
Il nous apprenait ce que nous devions savoir et tout nous semblait utile. Les leçons s’accumulaient au fil des mois et, l’été venu, nous avions fini le programme qui nous préparait au grand saut vers le collège sans nous être ennuyés. Il appuyait son enseignement sur une solide ironie, quelque fois mordante ; n’élevait jamais la voix ; semblait toujours intéressé lui-même par les matières qu’il nous enseignait. Jamais blasé, jamais cynique, il nous donnait l’exemple même de la modération. Ses dictées, choisies chez Jules Romains, Roger Martin du Gard, Alain ou Taine nous semblaient difficiles, mais il prenait le temps de nous en expliquer le sens. Hussard noir de la République, profondément laïque, il croyait au progrès et à l’égalité des chances.
Nous fûmes un poignée à lui rendre visite chaque année, puis tous les deux ans, juste pour le tenir au courant de nos progrès et le plaisir de l’entendre dire « ah ça c’est bien, mon grand » en nous appelant par notre nom de famille.

Didier Pourquery

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