De façon générale, quel regard portez-vous sur l’égalité entre les femmes et les hommes au sein de l’entreprise ?
Des efforts sont réalisés par les entreprises pour réduire les inégalités entre les femmes et les hommes, c’est indéniable. Toutefois, le chemin à parcourir reste encore très important sur de multiples sujets, à commencer par la santé.
Au quotidien, beaucoup de femmes endurent une inégalité majeure causée par des menstruations douloureuses. Or, les cycles menstruels difficiles font l’objet d’une invisibilisation persistante : les douleurs qu’ils occasionnent sont sous-estimées.
Quelle a été la réponse de Metro France face à ce phénomène ?
Nombre de nos collaboratrices travaillent dans des halles en station verticale et sont, de ce fait, particulièrement exposées aux douleurs que je viens d’évoquer. C’est pourquoi, il y a 18 mois, nous avons décidé de briser ce tabou au sein de notre entreprise. Aux côtés de nos partenaires sociaux, nous avons instauré un congé menstruel à raison de deux jours par mois.
Pour que ce dispositif soit mis en œuvre dans les meilleures conditions, nous avons échangé avec le corps médical ainsi qu’avec des associations féministes.
Nous avons fait le choix de ne pas recueillir de la data à propos des collaboratrices bénéficiant de ce dispositif. Notre seul objectif : faire en sorte que ce congé menstruel contribue au bien-être de nos salariées. Un an et demi après sa mise en place, nous constatons que ce dispositif fonctionne parfaitement et qu’il répondait à une attente.
Dans le même état d’esprit, nous avons également fait en sorte que nos collaboratrices disposent d’une semaine de congés après une grossesse interrompue. Bien entendu, nous avons fait en sorte que le secret médical soit respecté : le certificat médical est adressé directement au service paie sans que les managers ne soient avisés du motif.
Comment les équipes ont réagi à la mise en place de ces mesures ?
D’emblée, nous nous sommes fixés pour objectif de sensibiliser l’ensemble de nos salariés à l’idée suivante : différencier n’est pas discriminer en matière de santé.
Avec le recul, nous nous sommes aperçus que lorsque l’on sensibilise les collaborateurs cela nourrit un climat vertueux permettant d’aller encore plus loin sur ces sujets de société. Ce qui est de très bon augure pour la suite.
Petit à petit, nous parvenons à évoquer le sujet de la santé au sein de nos équipes sans le moindre tabou. Quand j’emploie le mot santé c’est au sens large du terme : aussi bien physique que mentale.
Ces mesures ne sont-elles pas le signe que les entreprises sont en train de prendre un nouveau rôle ?
J’en suis convaincu. Durant des décennies, nous avons vécu à l’ère de l’État-providence. Force est de constater que les entreprises engagées en faveur des transformations sociétales et environnementales sont en train de prendre le relais de l’État. Je me félicite de ce changement de paradigme car plus que jamais, l’entreprise doit se montrer exemplaire quand il s’agit de prendre soin de la santé des équipes.
Auparavant, les salariés devaient faire abstraction de leurs difficultés personnelles. Aujourd’hui, l’entreprise est à l’écoute et, en ce sens, elle s’humanise davantage. Car, avant d’être les membres d’une entreprise, nous sommes des femmes et des hommes.
Envisagez-vous d’adopter d’autres mesures pour consolider ce dispositif ?
Nous sommes en pleine négociation sur une question fondamentale à nos yeux : la parentalité. Plus précisément, l’égalité face à la parentalité. On sait l’incidence de la naissance du premier enfant sur l’évolution de la carrière d’une femme. Nous voulons faire en sorte que la parentalité n’entraîne aucune discrimination entre les femmes et les hommes au sein de l’entreprise. Encore un sujet qui nous tient particulièrement à cœur…