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09.11.22

Victoire Bach : l’intelligence artificielle au service des hôpitaux

       Marier intelligence artificielle et hôpitaux dans le but de libérer un temps précieux aux soignants et médecins : c’est l’ambition d’HOPIA, une solution de gestion optimisée des ressources cofondée en 2020 par l’ingénieure Victoire Bach. Rencontre avec cette entrepreneure qui (ré)invente l'hôpital de demain.

Il a suffi d’une semaine à Victoire Bach et à son associé Matthias Lesage pour faire naître le projet HOPIA, à l’occasion d’un “hackathon” organisé par leur école – CentraleSupélec – sur le thème de l’entrepreneuriat. Une semaine pour réfléchir à la façon dont l’intelligence artificielle peut aider l’hôpital dans la crise structurelle qu’il traverse. “Nous avons fait un constat très simple : nous ne sommes pas médecins. Nous avions beau avoir des doubles diplômes de commerce et d’ingénieurs, nous n’allions pas faire de diagnostics. En revanche, ce que nous savions faire, c’est de l’optimisation, des algorithmes et de la gestion de ressources. C’est là que l’on s’est rendu compte qu’il n’y avait pas d’outil de gestion de ressources globale à l’hôpital, alors qu’elles sont toutes interconnectées.”

De ce constat naît HOPIA, une solution de planification enrichie par intelligence artificielle. L’outil prend en compte tous les facteurs impliqués dans la constitution des plannings des médecins et soignants. Il les intègre ensuite aux algorithmes développés en propre par Victoire et son équipe afin de proposer un planning sur une durée d’une semaine à 6 mois de façon optimale, équitable et quasi en temps réel.

Un outil rendu indispensable par la pandémie mondiale

En avril 2020, Victoire et Matthias répondent à l’appel à projets “Solutions innovantes de lutte contre le Covid-19”, lancé par le Ministère des Armées. HOPIA est alors le seul projet étudiant retenu et bénéficie d’un important financement. “La Covid-19 a été un frein et un booster”, souligne Victoire Bach. “Le planning est un actif extrêmement stratégique puisqu’il touche tous les agents opérationnels (médecins et soignants). Ces derniers étant coordonnés par différentes directions, il était alors nécessaire d’impliquer la DRH, la DSI, la Direction des opérations, etc. Solliciter tous ces interlocuteurs en pleine crise Covid a été très compliqué… Mais cela a aussi été vecteur : la pandémie a renforcé la crise structurelle que les hôpitaux connaissent depuis longtemps et les établissements ont senti l’urgence. Ils n’ont plus le choix : cette crise structurelle, il fallait l’affronter et le planning fait partie des priorités.”

En juin 2021, la société HOPIA est officiellement créée. Dès le début, Victoire Bach les rôles se dessinent : Victoire Bach côté Business, son associé côté Tech.

« La pandémie de Covid-19 a renforcé la crise structurelle que les hôpitaux connaissent depuis longtemps et les établissements ont senti l’urgence. Ils n’ont plus le choix : cette crise structurelle, il fallait l’affronter et le planning fait partie des priorités. »

Une solution qui trouve son public

Rapidement, la solution attire, intrigue. Au stade projet, une équipe d’urgences pédiatriques d’un établissement lyonnais adopte HOPIA. Puis, très vite, un établissement entier – et pas des moindres – fait confiance à l’équipe : l’Hôpital Fondation Rothschild. Ces structures sont vite rejointes par le bloc opératoire du Centre Hospitalier Privé Saint-Grégoire (Vivalto Santé), et l’outil sera également bientôt en cours de déploiement au sein de l’Hôpital Paris Saint-Joseph. Pari tenu pour les jeunes ingénieurs.

Si HOPIA a du succès, c’est entre autres parce que l’outil est profondément ancré dans la réalité des soignants et médecins. “On interroge tout le monde, systématiquement : c’est notre marque de fabrique”, souligne Victoire. “On est sur le terrain pour comprendre les besoins et les problématiques. C’est comme cela que, très vite, on nous a dit que le planning des médecins et soignants était un casse-tête.” Avec HOPIA, Victoire et son équipe ambitionnent ainsi d’apporter des solutions au secteur de la santé, fortement dépourvu de technologies adaptées à ses besoins. “Quand je vais rencontrer les médecins et soignants, je leur dis “Faites-moi votre liste au Père Noël !”, ajoute l’ingénieure.

HOPIA, porteuse d’espoir

Ce n’est pas anodin si “HOPIA” fait écho au mot “hope” (NDLR : “espoir”, en anglais). “Nous sommes convaincus que l’innovation mise au service de l’hôpital peut lui permettre de sortir des crises qu’il traverse”, affirme Victoire. “Grâce à HOPIA, nous avons évalué approximativement le gain de temps passé sur les plannings à 70 % à 95 % par rapport au temps passé initialement – cette activité prenait entre 15 et 80 % du temps d’un cadre ! Nous limitons aussi les erreurs grâce à l’outil. La solution permet à tout le monde d’avoir une visibilité sur le long terme, de renforcer notre capacité d’anticipation”. Ainsi, l’outil proposé par l’équipe HOPIA a un véritable impact sur tout l’établissement : à la fois sur son efficience et la prise en charge des patients, mais aussi en termes de qualité de vie au travail.

Soif d’entreprendre et soif d’aider

L’attrait de Victoire Bach pour l’entrepreneuriat n’est pas né avec HOPIA : elle l’a chevillé au corps. La définition que recouvre pour elle cette activité s’est affinée au fil de son expérience avec HOPIA : “entreprendre, c’est résoudre des problèmes avec ce que l’on a sous la main tout en étant très connecté aux utilisateurs. C’est toujours confronter le terrain, challenger, trouver des cas d’usage différenciants et des particularités pour construire des solutions concrètes et, surtout, utiles.”

L’ingénieure a soif d’aider, au risque de se mettre en danger elle-même : en 6 mois, elle frôle le burnout à deux reprises. “Le gros problème quand on est entrepreneur, c’est qu’on ne s’avoue pas lorsque ça ne va pas. Le plus difficile n’a pas été le démarrage d’Hopia, mais d’apprendre à connaître mes limites pour savoir quand s’arrêter”, explique Victoire. Au mois de septembre 2021, elle et son associé ont effectivement cumulé à la fois l’accueil de 4 personnes dans leur équipe et le lancement de l’application auprès des premiers utilisateurs. La charge de travail a été très importante et soudaine. Forts d’une collaboration saine et de leurs complémentarités, Matthias et Victoire affrontent les obstacles : “on nous dit souvent que nous sommes le bois et le feu : on se complète”.

La « co-construction » est le maître-mot chez Hopia : au sein de son équipe, avec le terrain, mais aussi avec d’autres acteurs du secteur. Je pense qu’il faut rester humble à tous niveaux. Pourquoi se tirer dans les pattes quand on peut mettre en commun nos expertises au profit de nos utilisateurs ? Tout le monde a bien plus à y gagner”, conclut Victoire.

HOPIA : un « Espoir » de la healthtech qui a de beaux jours devant lui…

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