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22.11.22

Samir Mamodjee : mettre la mobilité douce au coeur des transports réunionnais

       Originaire de La Réunion, Samir Mamodjee évolue dans le milieu financier réunionnais. En mars 2021, alors qu’il est salarié chez SFR, il crée Bibi & Bike. Le principe est simple : il s’agit d’un système de location de vélos électriques, longue durée ou non. Une idée particulièrement innovante au regard du lieu où cette entreprise est lancée : l’île de la Réunion. Comme les autres espaces ultramarins français, l’île est empreinte d’un urbanisme majoritairement tourné vers la voiture. Les embouteillages y sont monnaie courante - les acteurs de l’écomobilité locale, un peu moins.

Selon une étude menée par la Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement de La Réunion en juillet 2020, on compte 419 véhicules pour 1000 habitants sur l’île de La Réunion. Ces dernières années, la politique “tout voiture” (dûe, notamment, au contexte géographique de l’île) a exclu le développement d’autres modes de transports plus propres. Exit les bus, les trams, les vélos. Résultat : l’île est au bord du coma circulatoire. Qu’il est loin le “ti train lontan”, qui parcourait la route du littoral à petite vitesse et avec peu de voyageurs… mais en douceur !

Désengorger les routes réunionnaises : un enjeu d’actualité… et de taille

L’île étouffe et le sous-développement des transports est un sujet urgent qu’il faut adresser. En outre, cette problématique sociétale rejoint celle de l’urgence climatique. Alors, peu à peu, de nouveaux projets voient timidement le jour. Téléphérique urbain, covoiturage… ou encore, location de vélos électriques courte ou longue durée. C’est le projet mené par Samir Mamodjee, créateur de Bibi & Bike : ce jeune entrepreneur réunionnais entend proposer une alternative à la voiture sur les trajets courts et participer à la réduction des émissions de CO₂ de l’île. 

Le défi de la mobilité douce

Début 2020, Samir Mamodjee, qui travaille alors chez SFR en tant qu’analyste financier, est frappé d’une suspension de permis de conduire pour une période de 3 mois. “J’avais malgré tout besoin d’aller au travail, mais j’étais un peu démuni. Je me suis dit que j’allais utiliser le vieux vélo que j’avais chez moi. Et je l’ai fait. Je suis allé au travail à vélo… une seule fois. J’étais tout transpirant, fatigué. Je me suis dit, sur le moment : « Un vélo électrique, ce serait mieux »”, raconte Samir. Le problème : un vélo électrique, c’est un investissement. C’est là que l’idée lui apparaît : et si, au lieu de l’acheter, il le louait ? Mais le jeune homme se rend vite à l’évidence : aucune offre de ce type n’existe à La Réunion. Fort de son background financier et de son appétence conjuguée pour l’entrepreneuriat et pour l’écologie, le Réunionnais crée Bibi & Bike : un système de location de vélo simple, agile, pratique… et abordable.

Se lancer, sans aucune hésitation

Débrouillard, Samir Mamodjee trouve rapidement un fournisseur de vélos. Il se lance sans même avoir fait d’étude de marché. “J’y suis allé « au feeling ». Je me disais que c’était novateur. Je sentais qu’il y avait une demande : si moi j’en avais besoin, c’est qu’il y avait d’autres gens dans le même cas”, explique-t-il. “Il faut savoir qu’entre 70 000 et 90 000 personnes sur le territoire habitent à moins de 5 km de leur travail. Cela représentait un marché énorme.” Alors qu’il est en train de monter sa société, il découvre que les collectivités publiques lancent un projet similaire au sien. Très vite, il apprend qu’elles ont été submergées par une demande phénoménale  : elles n’ont pas prévu suffisamment  de vélos par rapport au nombre d’inscrits. Samir bénéficie alors de ce trop-plein de potentiels clients, mais aussi d’un bouche-à-oreille efficace et d’une “publicité” digitale optimale. Pour continuer à gagner en notoriété, l’entrepreneur participe au Challenge Startupper de l’Année organisé par TotalEnergies ainsi qu’au tout premier salon de l’écologie et du développement durable organisé à La Réunion en 2021. 

« Créer une entreprise, c’est être constamment dans un ascenseur émotionnel. »

“Beaucoup de mes loueurs souhaitent se remettre au vélo parce qu’ils ne supportent plus les embouteillages… Ou alors ils en ont marre de payer l’essence. Malgré tout, ils ne sont pas prêts à investir 2, 3 ou 4000 euros dans un vélo électrique. La location à 70 euros par mois est donc, pour eux, un bon compromis”, souligne Samir. Ce sont à la fois des touristes et des locaux qui se ruent sur Bibi & Bike : actifs, entre 30 et 60 ans, surtout des femmes. Compte tenu de la géographie capricieuse de l’île, la grande majorité de la clientèle de Samir se trouve sur la côte et dans les villes urbanisées assez grandes.

L’ascenseur émotionnel de l’entrepreneuriat

Même si tout semble sourire à Samir et ses “bibis” (NDLR : il s’agit du nom des vélos qu’il loue), l’expérience de l’entrepreneuriat n’est pas un long fleuve tranquille. “Créer une entreprise, c’est être constamment dans un ascenseur émotionnel. Je prends vraiment mon entreprise à cœur, un peu comme si c’était mon enfant. C’est une relation sentimentale particulière”, plaisante Samir. “C’est aussi beaucoup de doutes. On est tout le temps seul. Personne ne nous comprend vraiment… Mais tout le monde nous soutient (entourage, famille, amis) : c’est un point important et primordial pour tenir le coup”.

L’entrepreneur réunionnais a bien conscience des risques que représente la création d’une entreprise, mais l’envie de marquer le territoire où il vit est bien plus forte. “Je voulais apporter ma petite pierre à l’édifice. J’aime avoir la satisfaction d’avoir réussi à construire quelque chose de mes propres mains, le sentiment de laisser une empreinte positive et utile pour la planète”, affirme Samir Mamodjee. Le créateur de Bibi & Bike ne regrette pas une seule seconde de s’être lancé dans l’aventure : “une fois qu’on a une idée, il faut tout faire pour la mettre en œuvre. Bien sûr, il y a tout le temps des difficultés : les contraintes administratives et financières, les échéances, les soucis opérationnels, le manque de temps… Malgré tout, on se dit toujours que ça valait quand même le coup de se lancer”.

Des perspectives enthousiasmantes

Le prochain défi de Samir Mamodjee sera d’ouvrir prochainement une enseigne commerciale physique, “pour créer plus de proximité avec les gens et pour échanger”, s’enthousiasme l’entrepreneur. “Cela va être le point de développement majeur pour l’année prochaine”. 

Autres axes de développement, et non des moindres : l’agrandissement du parc à vélos… et des effectifs. Car à l’heure actuelle, Samir n’est épaulé que par une seule personne : il jongle tant bien que mal entre son salariat et son entreprise, mettant souvent de côté sa vie privée. 

Une chose est sûre : Bibi & Bike a tout pour, à l’avenir, gagner du terrain.

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