Issu d’une famille nombreuse, Ruben Petri a passé une grande partie de son enfance à l’étranger. En grandissant aux quatre coins du monde, il comprend très vite combien le concept de communauté est précieux, que cela soit au quotidien ou pour faire face aux changements (in)attendus qui rythment nos vies.
Fort d’un début de carrière en hôtellerie, Ruben s’est ensuite tourné vers le pricing management avant de se lancer pleinement dans le monde de l’entrepreneuriat. De sa rencontre avec Tara Heuzé-Sarmini (entrepreneuse sociale à l’origine de Règles Élémentaires) naît ainsi, en 2021, Commune : la première solution d’habitat partagé et services mutualisés à destination des familles monoparentales. “De nombreuses options de logement existent et pourtant, en France, nous restons figés sur le modèle du logement individuel classique, sur ce bien qui n’est “qu’à nous”. Pourquoi ne pas voir l’habitat différemment ?”, s’interroge l’entrepreneur.
À l’origine était… la crise du logement
Outre cette conviction que l’on peut vivre autrement, Ruben Petri est animé par un combat : la crise du logement. “Aujourd’hui, l’accès à un logement sain est anarchique, surtout dans les grandes métropoles, à l’instar de la France, mais aussi de nombreuses villes européennes. Il y a un réel déséquilibre entre l’offre existante et ce que les gens recherchent”, explique le cofondateur de Commune.
Si la crise actuelle touche toutes les familles, elle est particulièrement violente pour les familles monoparentales. Dans son rapport de 2023, la Fondation Abbé Pierre déplorait les grandes difficultés rencontrées par les parents solos – et particulièrement les mères célibataires – pour se loger décemment. Face à cet état des lieux alarmant, une idée chemine dans l’esprit de Ruben et Tara : aucune aide ou offre n’étant mise en place pour cette cible, pourquoi ne pas tenter d’améliorer leur accessibilité au logement… en créant un habitat partagé ?
Commune, ou la révolution de l’habitat
À l’heure où, en France, la crise du logement ne cesse de s’aggraver, Commune est un OVNI dans le paysage immobilier. Le premier Commune a ouvert à Poissy (Yvelines) fin 2023. Située en plein cœur de la ville, cette grande colocation accueille adultes et enfants au sein d’un lieu moderne et, surtout, doté de nombreuses commodités : cuisine, salle à manger, salle de jeux, jardin, buanderie, espace coworking… ou encore un bar caché, où peuvent se retrouver les parents après une journée harassante ! Entre espaces de convivialité et de repos, cette résidence a tout d’un havre de paix pour les parents solos et leurs progénitures. Chacun a d’ailleurs son “chez-soi”, un appartement privatif avec salle de bain, kitchenette et couchage pour les enfants.
Avant même son ouverture, Commune rencontre le succès : “à Poissy, nous avons de la place pour 13 familles”, relate Ruben. “La demande est très forte : nous avons reçu plusieurs centaines de candidatures pour ce projet spécifique, mais aussi pour les autres résidences que nous comptons ouvrir par la suite !”. Les critères d’entrée ? Être une famille monoparentale, avoir un casier judiciaire vierge, gagner 2 fois le montant demandé pour le loyer (ou plutôt, pour l’offre proposée) et pouvoir rencontrer l’équipe de Commune en amont de l’installation. “C’est important d’avoir ce temps d’échange avec les familles, car nous cherchons des personnes qui disposent d’une réelle appétence pour la vie collective”, justifie Ruben.
Contribuer à l’essor du coliving en France et à l’international
Soutenu par des investisseurs clés, dont la BPI, et des élus (Aurore Bergé, ministre des Familles et de la Solidarité, s’est rendue à l’ouverture de Poissy), Commune grandit inexorablement. Une nouvelle résidence de 28 places ouvrira ainsi au printemps 2024 à Roubaix et d’autres projets sont en cours de développement dans toute la France.
Mais Ruben Petri et son associée ne comptent pas s’arrêter là : “notre ambition, c’est d’aller à l’étranger, parce que la situation des familles monoparentales n’est pas que française, ni parisienne”, explique l’entrepreneur. “Il y a un besoin partout, mais nous visons les pays qui sont en avance sur le concept de “coliving” : l’Espagne, la Belgique… Ceci dit, à l’étranger aussi, nous serons des pionniers : aucun projet de ce type n’existe ailleurs qu’en France pour les familles monoparentales”, précise-t-il.
Lutter contre l’isolement des parents solos : un chemin semé d'embûches
Pour Ruben, conquérir le marché international semble presque plus simple que de développer Commune sur le marché français. Et pour cause : selon l’entrepreneur, le sujet même des familles monoparentales est très peu abordé dans le débat public. “Les pouvoirs publics doivent être sensibilisés, tout comme les populations. Il est difficile de faire bouger le marché immobilier et les mentalités, mais nous commençons à y parvenir ! ”, s’enthousiasme Ruben.
Autre challenge : la perception du coliving auprès du grand public. “Le coliving est vu comme quelque chose de “bobo”, de très “start-up nation”, explique le cofondateur de Commune. Là encore, un travail de pédagogie semble nécessaire.
Pour autant, et malgré ces défis, Ruben Petri ne se décourage pas : ce projet a du sens, pour lui comme pour les personnes qui l’accompagnent au quotidien. “Lorsque l’on monte une entreprise, il faut s’entourer de gens qui n’ont pas peur de casser les murs et de repenser les choses. Il ne faut pas avoir peur d’aller vers les autres, même lorsqu’on ne voit pas directement le lien qu’ils peuvent avoir avec notre activité : l’important, c’est de faire des rencontres, c’est là notre richesse”, conseille l’entrepreneur. Faire des rencontres : un mot d’ordre qui correspond bien à Commune…
*Source : INSEE.