L’entrepreneuriat aux tripes
Tout jeune, Moussa Camara en avait déjà la certitude : un jour il deviendrait entrepreneur. Au sortir de ses études, il se lance en créant une entreprise dans le secteur des télécoms. Il est confronté à des obstacles, des difficultés. Peu importe. Il tente. Il apprend. Surtout, il persévère. Et rapidement il acquiert la conviction suivante : tout entrepreneur, quel que soit son projet, a besoin d’un accompagnement. Le second déclic intervient lors d’un séjour de trois mois à Washington. Des chefs d’entreprises engagés le sensibilisent à l’entrepreneuriat social. « J’ai alors pris conscience que l’économie devait être au service du social », admet-il.
L’humain avant le projet
Désireux de partager son savoir et son expérience, Moussa Camara décide de fonder les Déterminés en 2015. Une association qui a pour ambition d’aider les habitants des quartiers populaires à créer leur entreprise. Moussa Camara, qui a grandi à Cergy Pontoise, œuvre ainsi au développement économique des territoires éloignés des bassins d’emploi.
Pour rejoindre les Déterminés, les diplômes importent peu. Seule compte la motivation. Avant de pouvoir suivre la formation, les candidats doivent passer par une phase de sélection. Moussa Camara tient à préciser qu’elle est avant tout « fondée sur l’humain ». Le parti pris des Déterminés est clair : « ce sont des hommes et des femmes qui portent un projet entrepreneurial, pas l’inverse ».
Transmettre et voir grandir
Moussa Camara décrit, non sans passion et fierté, le déclic qui se produit chez les entrepreneurs qu’il encadre. En général, la mue a lieu au bout de quelques semaines. Grâce à des ateliers participatifs, les intéressés prennent conscience qu’ils ont des capacités, du talent, de la créativité. Peu à peu, ils gagnent en assurance. Posture entrepreneuriale, comptabilité, développement commercial, etc. La formation, d’une durée de six mois, leur fournit les outils nécessaires pour renforcer leurs compétences et défendre leur projet. Grâce à elle, leur sentiment d’illégitimité finit par disparaitre.
Au fil des années, cette association est devenue incontournable dans le paysage de l’entrepreneuriat inclusif. Entre 75 et 80 % des entrepreneurs formés par les Déterminés finissent par créer leur entreprise ou la développer. 40 % d’entre eux sont à la tête d’entreprises composées de deux à vingt salariés. Pas moins de 64 % des personnes passées par les Déterminés sont des femmes.
L’envie d’entreprendre ne se dément pas dans notre pays. Avec la crise sanitaire, les Français sont de plus en plus nombreux à vouloir se lancer. « Nous sommes au cœur du sujet », se félicite le fondateur des Déterminés. L’association a donc de beaux jours devant elle…