La prise de conscience comme point de bascule
Franco-iranienne originaire de Dijon, diplômée d’une école de commerce, Maud Caillaux fait ses premières armes dans une maison de luxe avant de rejoindre le secteur de la banque à New-York. Une expérience qui lui permet de découvrir l’univers de la finance, sa complexité et ses rouages. Elle découvre avec surprise l’impact que l’argent placé sur un compte bancaire représente pour la planète. Car les banques investissent l’argent des comptes des épargnants dans les industries fossiles, génératrices de gaz à effet de serre et à l’origine du réchauffement climatique. Un constat qui l’interpelle et qui devient le moteur d’une nouvelle ambition : entreprendre, pour proposer une alternative.
Maud Caillaux n’a pas froid aux yeux et elle connaît son sujet sur le bout des doigts. “À votre avis, de combien de degrés la température a-t-elle augmenté depuis la dernière ère glaciaire, il y a 20 000 ans ? De 5 degrés. Aujourd’hui, nous atteignons +2 degrés en 300 ans. Un changement d’échelle dont les conséquences seront immenses”. Avant de présenter Green-Got, Maud Caillaux aime rappeler les ordres de grandeur du changement climatique que nous vivons. L’occasion de les interpeller avec un chiffre simple : +2 degrés, témoin de l’énorme bouleversement de nos vies induit par ce réchauffement. Si l’urgence est là, Maud tient son projet : créer grâce à la finance verte un outil universel, pour obtenir le plus grand impact en termes d’intensité et de rapidité.
« 5 degrés en 20 000 ans, c’est le réchauffement qui a permis de passer de l’ère glaciaire à notre environnement. Aujourd’hui, nous atteignons + 2 degrés en 300 ans. Un changement d’échelle dont les conséquences seront immenses. »
Le pouvoir de changer le monde à son échelle
C’est en 2019 que l’aventure commence – comme pour beaucoup d’entrepreneurs, à partir d’une feuille blanche. Trois années de travail intense s’écoulent, lors desquelles Maud Caillaux et ses deux associés créent de toute pièce une banque alternative, capable à la fois de mettre fin au financement du pétrole, du charbon et du gaz, et de réorienter les flux financiers vers la transition écologique. Le principe ? Investir dans la transition écologique grâce à l’épargne et mettre en place, avec le compte courant, un système de frais bancaires et de dons, reversés à des projets de protection des océans, de préservation de la forêt amazonienne ou encore de développement des énergies renouvelables. Les premiers comptes courants, disponibles depuis mi-avril, permettent ainsi aux clients de suivre leurs émissions de CO2 au jour le jour. Une valeur ajoutée de taille pour Green-Got, qui entend bien “lutter contre l’opacité de la finance.”
Celle qui dit avoir toujours voulu se lancer dans l’entrepreneuriat croit aux vertus de l’audace et de la détermination, mais aussi au pouvoir “des personnes en bas de l’échelle et des consommateurs pour changer les choses et proposer des alternatives”. La création de Green-Got illustre cet espoir partagé par la jeunesse de voir se dessiner, au-delà des discours, des actions et solutions concrètes pour faire face à l’urgence climatique et décarboner nos économies et nos modes de vie. Mais offre aussi une promesse : “faire de l’impact de notre argent non plus un problème mais la future solution.”
« Je crois beaucoup au pouvoir des personnes en bas de l’échelle pour changer les choses et proposer des alternatives. »
L’espoir d’embarquer plus de clients vers un nouveau modèle
Grâce à trois ans de travail et deux levées de fonds de particuliers engagés pour l’écologie, le pari vert de Green-Got semble réussi : en trois semaines, 3 100 comptes courants ont été ouverts lors de la campagne de pré-lancement, dont 2 000 tentatives d’ouverture dès le premier jour. Un nombre amené à croître rapidement une fois cette phase de pré-lancement terminée, les pré-inscrits ayant pour l’instant besoin d’un code pour ouvrir un compte. Avec 130 000 abonnés sur les réseaux sociaux, la néobanque a réussi à séduire des usagers en quête de sens, de changement et de pouvoir citoyen, et prépare déjà de futurs produits, dont un compte épargne. Au sein de cette équipe de 18 personnes, on se félicite d’avoir cru au projet et persévéré, fiers de compter des dizaines de milliers de personnes sur liste d’attente.
Pour cette jeune entrepreneure, le plus important pour se lancer est de porter un projet qui ait un réel sens pour soi. Avec Green-Got, la mission est double : créer un nouveau modèle bancaire plus résilient, plus respectueux de la planète et plus transparent, mais aussi éveiller les usagers à l’impact réel du changement climatique grâce à plus d’information et de pédagogie.
« Nous nous sommes lancés parce que le réchauffement climatique nous fait peur. Le réchauffement climatique tue. C’est le plus grand défi de notre espèce. Il faut que tout le monde change et bouge les lignes pour limiter son impact. »
Pour convaincre et appeler à l’action, Maud Caillaux prône un changement collectif de paradigme et de mentalités, plus d’éducation dans les écoles, plus de pédagogie envers les anciennes générations. Porter le message aussi loin que possible, pour construire ensemble, un futur plus souhaitable.