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Julie Meunier, Fondatrice des Franjynes
19.03.24

Julie Meunier : Changer le regard sur l’alopécie et le cancer avec les Franjynes

       Touchée par un cancer du sein en 2015, aujourd’hui en rémission, Julie Meunier a laissé derrière elle son passé de juriste en droit immobilier pour devenir entrepreneure et auteure. Fondatrice de la marque Les Franjynes, elle propose des alternatives aux prothèses capillaires classiques et ramène de la joie et du style au sein d’un milieu parfois plombé par l’aspect médical et financier. Portrait d’une combattante.

Quand je suis tombée malade, j’ai dit à mes parents : les gars, là, j’ai un cancer, donc maintenant je fais ce que je veux. Je vais arrêter le droit et même me faire tatouer le bras entier, pour être sûre que plus aucun cabinet ne m’embauche !”, explique Julie Meunier en exhibant fièrement son bras décoré de fleurs et de personnages tirés des animés du studio Ghibli. Quand elle s’engage, la jeune femme ne fait pas les choses à moitié. À la tête d’une entreprise à impact positif depuis 2017, les Franjynes, elle jongle entre trois casquettes : entrepreneure, auteure (en 2021, elle publie À mes soeurs de combat aux Éditions Larousse) et jeune maman depuis deux ans suite à une grossesse spontanée, un vrai miracle au regard de son parcours de santé.

Le projet des Franjynes est né pendant sa maladie alors que, ne supportant pas sa perruque, elle cherchait une solution pour habiller une alopécie qui aura duré plus de 18 mois. Une frange et un turban fabriqués maison ainsi que des photos de son nouveau look, partagées sur le blog où elle raconte son expérience, suffiront à créer un véritable engouement auprès de sa communauté. Constatant cet enthousiasme et l’existence d’un réel besoin, elle se lance dans l’aventure entrepreneuriale quelques semaines seulement après l’annonce de sa rémission.  

Le début d’un nouveau combat, pour faire rayonner la marque auprès du plus grand nombre.

Son premier cheval de bataille : l’accessibilité, en termes géographiques comme financiers. Elle crée son site internet et ressort sa casquette de juriste pour obtenir la reconnaissance de ses créations comme des prothèses capillaires méritant un remboursement de la sécurité sociale, au même titre qu’une perruque. Elle est portée par une conviction forte : “Je trouvais trop triste en salle de chimio de presque deviner la condition sociale des gens en regardant l’état de leur perruque. Je pars du postulat que face à l’adversité, on est tous sur la même marche, et qu’on mérite tous d’avoir des choses de qualité. Donc je me suis battue très, très fort pour faire reconnaître mes créations comme des prothèses capillaires à part entière”.

Une aventure entrepreneuriale qui ne se déroule pas sans accrocs, pourtant Julie surmonte les obstacles un à un : quand on lui oppose son manque de formation médicale, elle s’associe à sa mère, aide-soignante ; quand on interdit le remboursement des prothèses via les commandes sur le site, elle se débrouille pour que tous ses produits soient accessibles en pharmacie et dans un réseau de revendeurs partenaires. Les épreuves traversées ont renforcé sa résilience et l’ont poussée à développer une véritable philosophie de vie. 

«  “ Ce n'est pas des bêtises quand on nous dit que demain, tout peut basculer, et que toutes les belles journées qu'on a la chance de traverser, il faut les vivre à 2000% et en être reconnaissants. Donc, je me dis : au pire, si je me plante, ce n'est pas grave, je recommencerai. C'est pour ça que je me suis lancée dans le projet des Franjynes.”»

Une frange et le regard change : Les Franjynes dépoussière l’univers des prothèses capillaires.

Aujourd’hui, les Franjynes sont portées par une équipe de 4 personnes, menées par la bonne humeur et l’énergie contagieuse de Julie. Une marque de coeur, une marque communautaire, qui s’engage à son niveau pour changer le regard sur le cancer et l’alopécie en général en assumant une image de marque jolie, attractive, ce qui en fait un véritable électron libre dans le domaine des prothèses capillaires.

“Quand je me suis lancée, raconte Julie, on m’a dit : « votre projet il est génial, mais vous allez vous planter. Votre produit, il n’est pas marketing. La maladie ce n’est pas marketing. » J’ai alors compris pourquoi tout était aseptisé et ne donnait pas envie : on n’osait pas. J’ai osé, car j’étais légitime.”

Heureusement, aujourd’hui, le regard posé sur la maladie évolue. Selon Julie, l’avènement des réseaux sociaux y est pour beaucoup : en ligne, les personnes touchées libèrent la parole, trouvent leurs pairs, sensibilisent et s’entraident. Fini le temps de la honte, fini le temps de la maladie que l’on cache. Certes, il reste encore du travail à faire, tant sur la communication – on met en avant certains cancers alors que d’autres sont complètement invisibilisés – que sur la culpabilité des malades : il y a la crainte de faire de la peine à ses proches bien sûr, mais aussi celle d’être jugé dans le cas de cancers régulièrement associés à un mauvais rythme de vie. La crainte de faire peur aussi : le cancer est encore très relié à la mort, alors même qu’on en guérit de mieux en mieux.

Alors, Julie et Les Franjynes continuent leur chemin plein de belles ambitions : celle de rendre la marque la plus inclusive possible (les cheveux crépus sont en chemin), celle de s’étendre à l’international et celle de devenir, à terme, la marque de référence des prothèses capillaires partielles en France. « C’est avec les petites briques qu’on construit les grands murs », déclare Julie et en l’écoutant, n’importe qui en est convaincu.

Crédits photo : @Ilan Dehe

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