C’est à Concarneau, au cœur de la Bretagne, que Jean-Pierre Nadir grandit. Très tôt, il développe une passion pour les récits héroïques et les scénarios de réussites financières. Ses rêves d’aventure le poussent à se conter explorateur, astronaute ou homme d’affaires, à l’image des figures inspirantes qu’il découvre page après page, au fil de ses lectures. L’entrepreneur évoque avec entrain l’un de ses livres préférés, Money de Paul-Loup Sulitzer, et la quête extraordinaire de son héros, Franz Cimballi. Ce dernier, mû par une énergie fulgurante, s’efforce de reconstruire l’empire légué par son père, après avoir été dépouillé de tous ses biens et jeté dans une situation de dénuement extrême à l’autre bout du monde.
La découverte d’un métier
Passionné par l’aventure, Jean-Pierre Nadir n’a jamais ressenti le besoin de poursuivre de longues études. Sport-études, obtention d’un bac par voie de rattrapage (grâce à son aisance à l’oral), il se définit avec fierté comme un autodidacte.
Dès l’âge de 18 ans, il entreprend, lançant d’abord un commerce de crêpes sur les campings de la côte bretonne puis un service de livraison de pizza à domicile. Mais c’est dans la presse que sa renommée va s’établir.
C’est la rencontre fortuite d’un publiciste lors de ses années de faculté qui l’aiguille tout d’abord vers le secteur des campagnes promotionnelles. Jean-Pierre Nadir se reconnaît dans les facettes du métier qui lui sont décrites et décide, intrigué, d’arrêter l’université pour se présenter au concours d’une école de publicité.
Armé seulement d’un « Que sais-je ? » sur la publicité, Jean-Pierre Nadir passe l’examen et intègre les bancs de cette nouvelle école après avoir séduit le jury par son profil atypique, son énergie, sa tchatche. Il s’implique pleinement dans cette nouvelle aventure, établit progressivement des liens dans le milieu et développe, dès son premier stage, des concepts pour une campagne de promotion locale.
Force de proposition, ses responsabilités chez Robert Lafont ne cessent de croître et il acquiert peu à peu un début de capital grâce aux actions qui lui sont cédées, et qu’il revend, à l’heure de prendre son envol.
Le voyage comme fil d’Ariane
Amateur de voyages, son intérêt pour le secteur du tourisme naît d’un constat : l’absence de magazine « pratique », donnant toutes informations essentielles aux futurs touristes sur une destination donnée. « Avec ce projet, mon objectif était de promouvoir des destinations touristiques en mettant en avant des partenaires, allant des billets d’avion aux tours operator, afin de simplifier l’organisation des voyageurs », confie-t-il. Son « canard » mensuel voit le jour et connaît un certain succès pour la pluralité des sujets traités et la richesse de son contenu. Et il devient un éditeur de presse reconnu.
Avec l’arrivée du web, Jean-Pierre Nadir perçoit de nouvelles opportunités, saisissant très vite le potentiel de ce nouvel outil. Il vend son groupe de presse en 1999 et se lance dans la création d’easyVoyage l’année suivante, une plateforme devenue leader dans l’information liée au tourisme, qui s’associe avec Webedia 15 ans plus tard.
Mais l’histoire de Jean-Pierre Nadir ne s’arrête pas là. À la suite de ses nombreuses rencontres avec des professionnels du tourisme français et fort de sa perception progressive des évolutions du secteur, il réalise l’importance de concilier plaisir du voyage et éveil écologique. Conscient de la nécessité de réinventer le tourisme, il quitte Webedia pour fonder Fairmoove en 2021 : la première plateforme de tourisme responsable. Son idée ? Réconcilier l’image décriée du voyage en l’ajustant aux besoins de décarbonation et de redistribution : « Avec Fairmoove, nous valorisons tous ceux qui contribuent à la création d’une dynamique d’impact positif dans le monde du tourisme », explique-t-il.
Développer un tourisme intelligent
Pour répondre aux enjeux de notre époque, le tourisme doit selon lui devenir « intelligent » : « Il y a une question fondamentale : si on arrête le tourisme, sauve-t-on l’humanité ? La réponse est non », affirme l’entrepreneur. « Le tourisme n’est pas le problème mais la solution », soutient-il. Il n’est pas question de cesser de voyager, mais que les professionnels et les usagers intègrent la décarbonation dans leur mode de déplacement et de consommation. “Il ne faut pas oublier que nous évoluons dans un monde à deux vitesses. Les emplois liés au tourisme méritent d’être sauvés pour la survie des populations qui vivent essentiellement de cette activité”, souligne-t-il.
Ce tourisme de « solutions » passe par la pédagogie. Pour Jean-Pierre Nadir, cela commence par changer ses habitudes : « Tendre vers un tourisme responsable est atteignable, il s’agit par exemple de privilégier des vols directs ainsi que des compagnies qui optent pour l’éco-pilotage et limitent leur empreinte carbone en ajustant leur puissance et le poids embarqué. Ces solutions réduisent à elles seules un tiers des émissions. »
L’entreprise est également dotée d’un fonds d’investissement : Fairmoove Invest, finançant les projets qui participent à ce tourisme de solutions. Tel est le cas de Pureva, une initiative portée par deux Antillais, qui démocratise l’accès à une eau de robinet pure grâce à des équipements de traitement et remplace ainsi les bouteilles d’eau en plastique.
Du monde de la publicité au voyage responsable, Jean-Pierre Nadir promeut aujourd’hui, au-delà d’un tourisme intelligent, le travail de ceux qui mettent leur énergie au service de projets à impact positif, convaincu que le monde de l’hôtellerie peut lui aussi répondre aux enjeux actuels et donner vie à de belles initiatives.