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26.09.23

Grégoire de Belmont (Arkose) : faire de la grimpe un art de vivre

       Alors qu’Arkose, acteur incontournable de l’escalade et de la culture grimpe en France, ouvre deux nouvelles salles à Paris (Strasbourg Saint-Denis et Montmartre), Grégoire de Belmont, co-directeur général, revient sur l’aventure folle dans laquelle il s’est lancé il y a près de 10 ans avec ses trois associés, Samy Camarzana, Steve Guillou et Lyes Mekesser.

Après une formation d’ingénieur et un début de carrière dans le marketing, l’envie est venue à Grégoire de Belmont de se consacrer pleinement à sa passion depuis l’adolescence : l’escalade. « J’avais envie de monter un business et de me consacrer à quelques choses de plus éthique » nous raconte-t-il. C’est donc à l’orée des années 2010 que germe l’idée de se lancer sur le marché encore balbutiant des salles de bloc. À cette époque, la grimpe est encore perçue comme un sport de niche, voire extrême, qui s’adresse à quelques initiés avec la passion de la montagne chevillée au corps. Un défi, donc.

Pourtant, le challenge ne lui fait pas peur. Ayant été amené préalablement à faire ses premières armes dans l’entrepreneuriat avec le lancement de la filiale européenne d’un groupe singapourien, il a déjà l’expérience de la création d’une entreprise et… de sa liquidation, l’initiative s’étant soldée par un échec. « Contrairement à ce que l’on pense, le premier réflexe d’un entrepreneur après l’abandon d’un projet n’est pas de chercher désespérément à s’insérer sur le marché de l’emploi pour se sécuriser, mais plutôt d’imaginer la prochaine aventure dans laquelle il va se lancer », philosophe-t-il.

Qu’à cela ne tienne, la rencontre avec les 3 fondateurs d’Arkose quelques mois après l’ouverture de la première salle du groupe à Montreuil (2013) lui permet de se greffer au projet. Ironiquement, c’est en cherchant, pour son propre compte, des informations sur le business plan d’Arkose auprès des fondateurs que Grégoire de Belmont se laisse séduire par l’entreprise. Après une levée de fonds express auprès de ses proches pour acheter des parts et une augmentation de capital de la jeune société pour l’accueillir en tant qu’associé, les ouvertures de salles s’enchaînent (Lyon, Bordeaux, Massy…), mais aussi les obstacles à surmonter.

« Même si nous avons pu bénéficier de l’aide de Pôle Emploi pour que nos salaires ne pèsent pas, au début, dans les comptes de l’entreprise, le financement bancaire est resté difficile à toutes les étapes de développement du projet ». La covid, également, est une épreuve, avec une longue fermeture des salles pour raisons sanitaires. Cependant, un solide travail de positionnement autour de la marque, le soutien financier du fonds Audacia et un engouement croissant du public pour l’escalade permettent à la jeune pousse, année après année, de surmonter les difficultés.

Aujourd’hui, le groupe Arkose & Co est leader en France : il compte plus de 20 salles sur tout le territoire, emploie 450 salariés et génère 35 millions d’euros de chiffre d’affaires. L’enseigne, plébiscitée des adeptes comme des néophytes, se place au centre d’un écosystème de marques (Snap, Oskare, MurMur…) qui illustrent un ADN fort fondé sur l’éco-responsabilité et la convivialité.

En marge du sport, défendre une philosophie

Au-delà de l’escalade, Arkose s’est donnée pour mission de défendre la « culture de la grimpe ». L’un de ses fondements, hérité des pionniers, relève de la protection de l’environnement. Ainsi, la majorité des matériaux utilisés pour la confection des salles du réseau sont recyclés, de même que les habits et équipements commercialisés (notamment la marque propriétaire d’Arkose, Snap) sont issus de filières ou de marques durables. De plus, les produits proposés dans le cadre des services de restauration sont issus de circuits courts, avec une carte qui ambitionne de mettre le végétal à l’honneur. 

La restauration, justement, occupe une place centrale dans l’expérience proposée par Arkose. Et ce, pour une raison simple : « La convivialité est au cœur de la culture de l’escalade, notamment dans l’après-grimpe. Il fallait donc que ces moments puissent avoir lieu dans nos salles, pour éviter que les groupes ne se séparent, par exemple, au moment de dîner après une session ». En ce sens, le groupe a lancé sa propre marque de bière – Oskare – afin de servir sur place des boissons qualitatives pour les grimpeurs, tout en proposant, en marge des blocs, des « salles de vie » au design soigné pour manger, travailler, discuter ou buller. Autant d’atouts qui expliquent le succès de l’enseigne et ses ambitions pour les années à venir.

Devenir la matrice de l’escalade en France

« Notre vraie différence aujourd’hui, c’est que nous cherchons à nous positionner au cœur de l’écosystème de l’escalade : nous voulons être un acteur global à même de structurer cette économie » revendique Grégoire de Belmont. Et pour cause, les projets de développement pour Arkose sont nombreux. Au-delà des salles de bloc, le groupe accélère aujourd’hui sur les segments des salles de voies indoor, de l’escalade outdoor avec son agence de voyage Escapade, de l’équipement, de l’habillement… « Le but est d’exploiter l’aspect sportif, mais aussi le potentiel aspirationnel de l’escalade en tant que lifestyle pour en faire une force distinctive ».

Cette force, le groupe entend aussi la mettre aussi au service de son engagement sociétal. « Il ne s’agit pas seulement de faire pénétrer la grimpe dans la ville. Le développement de l’escalade outdoor est également un moyen de revitaliser des territoires qui vont être sinistrés par le changement climatique : certaines zones de moyenne montagne, par exemple, qui ne pourront bientôt plus bénéficier de l’économie du ski mais qui ont des falaises dont une exploitation respectueuse pourrait bénéficier aux communes alentours. Il y a un cercle vertueux que nous voulons enclencher à mesure que notre marché grossit ».

Prochain objectif pour les 4 associés ? Le développement d’Arkose en Europe, dans le prolongement de l’ouverture de salles à Bruxelles et Madrid. La route est peut-être encore longue vers le sommet, mais l’ascension ne semble pas près de s’arrêter.

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