À seulement 32 ans, Gaëtan Congar affiche un parcours à la fois riche et diversifié. Aujourd’hui localisé à Brest, il s’est forgé une expérience professionnelle entre grandes entreprises, comme Orange et Capgemini, et plus petites structures, telles que Klaxoon. En parallèle de sa carrière, Gaëtan est un éternel engagé : il œuvre à la Croix-Rouge, où il a notamment piloté des stratégies d’innovation sociale et de transformation pendant plus de 5 ans. Ce double regard sur le monde de l’entreprise et celui de l’engagement a profondément nourri sa vision de l’entrepreneuriat : « l’innovation sociale doit répondre à des problématiques de territoire », affirme-t-il.
La genèse des Imparfaits
Gaëtan Congar le savait depuis longtemps : il lui fallait un projet entrepreneurial qui puisse marier engagement et innovation. Début 2024, il passe à l’action en cofondant Les Imparfaits aux côtés de Cécilia Henry et Aurélie Tonaind.
« Comment faire pour être fier de ce qu’on a dans notre assiette ? C’est la question que l’on s’est posée et qui a guidé la création des Imparfaits », explique Gaëtan. L’entrepreneur veut démontrer que la restauration peut être bien plus qu’une simple réponse aux besoins du quotidien : elle peut devenir un moteur de transition écologique et sociale. Parce que pour Gaëtan et ses associées, chaque plat est une occasion de faire la différence. « C’est pour cette raison que nous avons imaginé une nouvelle offre de déjeuner professionnel : durable, inclusive… et savoureuse », explique-t-il avec enthousiasme.
« L'innovation sociale doit répondre à des problématiques de territoire »
Gaëtan Congar, co-fondateur des Imparfaits
Repenser le déjeuner professionnel
Pour ses premiers pas, l’entreprise se concentre sur les villes de Brest et de Vannes. « Ces territoires ont pour particularité de posséder des cœurs de ville historiques très peuplés, ainsi que des zones économiques assez peu fournies en restauration classique », raconte Gaëtan. Les Imparfaits a donc pour but de répondre aux besoins des salariés brestois et vannetais en leur proposant la livraison de déjeuners accessibles, durables et de qualité.
Pour cela, Les Imparfaits s’appuie sur trois ingrédients clés : des circuits courts, avec un approvisionnement à moins de 60 km des cuisines, l’insertion sociale, en collaborant avec des acteurs locaux comme des ESAT ou des entreprises d’insertion, et la réduction de l’impact carbone, grâce à l’éco-conception des plats et des livraisons en vélos cargos. En bref, un menu pensé pour allier durabilité et inclusivité, où chaque étape de préparation a été soigneusement imaginée pour répondre aux enjeux de demain.
Une croissance accompagnée et collaborative
Pour se développer, Les Imparfaits s’est appuyé sur un solide réseau d’accompagnement. Le programme Ticket for Change a aidé Gaëtan et ses associées à structurer leur idée. Puis, la French Tech a permis de transformer cette vision en modèle concret.
« Sur le chemin, il y a eu quelques surprises », explique Gaëtan. En effet, là où l’entrepreneur s’attendait à toucher principalement les particuliers et les salariés de bureau susceptibles de se commander à manger le midi, les grandes entreprises basées localement se sont également montrées intéressées pour passer des conventions avec Les Imparfaits. « Je pense que c’est vraiment très représentatif d’un modèle qui arrive à bout de souffle. De plus en plus de structures cherchent à changer, petit pas par petit pas : elles veulent par exemple pouvoir réduire leur impact carbone par le biais de l’alimentation de leurs salariés – et Les Imparfaits s’ancre parfaitement dans cette logique », se réjouit l’entrepreneur.
Les défis de l’entrepreneuriat responsable
Si le succès des Imparfaits est prometteur, les obstacles ne manquent pas. L’un des premiers défis rencontrés par Gaëtan et son équipe a été de repenser les outils de travail pour s’adapter à des équipes en situation de handicap. Par exemple, un système de gommettes colorées a remplacé les codes écrits sur les boîtes pour identifier les plats.
L’accès au financement constitue un autre enjeu. « En région, lever des fonds reste complexe. Les montants sont souvent bien plus modestes qu’à Paris », regrette l’entrepreneur. Pourtant, il persiste et signe : l’innovation sociale ne doit pas être confinée aux grandes métropoles.
Enfin, si Les Imparfaits a été bien accompagné dans sa création, tout n’a malgré tout pas été rose. « Nous avons cherché à nous faire accompagner par un accélérateur d’entreprise… et là, ça a été le vide sidéral », raconte Gaëtan. Une nouvelle fois, les régions sont lésées par rapport à la capitale française. Les trois associés se heurtent à la rareté des accélérateurs locaux bretons. « Bon nombre d’entre eux ne travaillent qu’à l’échelle d’une ville ! », s’est étonné l’entrepreneur. Pour pallier ce manque, l’équipe a ouvert son capital à une cinquantaine d’associés, chacun apportant une expertise précise. « Chaque mois, nous sollicitons ces investisseurs pour travailler sur des thématiques clés, comme la logistique du dernier kilomètre : c’est très précieux. »
Une recette prometteuse
Après une phase de tests réussie auprès d’entreprises comme Suravenir (filiale d’Arkéa), Crédit Agricole ou la Caisse d’Épargne Bretagne Pays de la Loire, Les Imparfaits sera officiellement lancé à Brest et Vannes en janvier 2025. Environ 200 repas par jour et par ville seront alors livrés. Le prix du déjeuner se situe entre 12 et 15 euros, livraison incluse. L’entreprise s’appuie sur une petite brigade de 5 à 6 salariés par ville, sans compter les emplois liés à la cuisine. « Il est à noter que tous nos livreurs sont en CDI, ce qui évite la précarisation que l’on peut retrouver sur les plateformes de livraison classiques », précise Gaëtan.
L’entrepreneur et ses associées ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin : l’ouverture des Imparfaits à Lyon, Rennes, Nantes ou encore Grenoble, ville très cycliste, est à l’étude. L’objectif reste clair : offrir aux salariés des repas qui réjouissent les papilles, nourrissent la santé, soutiennent l’emploi et respectent la planète. Une recette ambitieuse, mais délicieuse pour l’avenir !