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09.01.24

François Missonnier, graine de rock

       De Canal+ à la scène vibrante de Rock en Seine puis d’EuropaVox, François Missonnier incarne l'esprit audacieux de l'entrepreneuriat musical. Il nous a livré son parcours, entre passion pour la musique et engagement citoyen pour le projet européen.

C’est en 1989 que François Missonnier fait son entrée chez Canal+. Aux côtés de figures emblématiques comme Pierre Lescure et Alain De Greef, il participe à la métamorphose de la chaîne d’un accident industriel en un succès incroyable. « La confiance qui nous était accordée en tant qu’employés nous donnait des ailes », se souvient-il, évoquant ces premières années empreintes d’énergie et d’audace. Il y fait ses premières armes en tant qu’attaché commercial, responsable de l’administration des ventes puis directeur des opérations, contribuant aux actions de diversification dans le divertissement menées par la chaîne cryptée. Il nous explique : « la diffusion du football était un élément stratégique de notre offre, il a donc été décidé d’acquérir un club phare, le PSG, puis le stade où il jouait, c’est-à-dire le Parc des Princes, et d’y organiser des concerts légendaires ». Rien que sur l’année 1997, Mickael Jackson, U2 ou encore David Bowie se produisirent au Parc des Princes. L’année suivante – 1998 – Ticket +,  filiale de billetterie créée conjointement avec la Fnac et dirigée par FM, remporte le marché de la billetterie par téléphone de la Coupe du monde de football.

Cependant, en 2001, le vent du changement souffle sur Canal+. L’arrivée de Jean-Marie Messier marque une nouvelle ère pour l’entreprise, et François Missonnier est gentiment écarté. Il décide de profiter de cette pause pour réfléchir et franchir le grand pas, se lancer dans sa « seconde vie », celle d’entrepreneur : « en mai 2001, j’ai quitté Canal+ et en octobre 2002, j’ai décidé de quitter le monde salarié. J’ai sauté dans l’inconnu, porté par une idée née au cours d’une soirée à 3 heures du matin. Comment pouvais-je concilier mes passions avec ma vie professionnelle ? La réponse était claire : inventer ma propre voie ! »

Rock en Seine, d’une idée folle au premier festival de rock européen

Ses yeux pétillent quand il raconte comment il entreprit de créer un festival de rock en région parisienne : « j’avais envie de rendre compte de l’ébullition artistique qui était en train de secouer la planète au début des années 2000, et le retour en force du rock avec des groupes comme les Strokes, les Whites Stripes, les Libertines. Et comme la région parisienne, première région de France, n’en était pas dotée, mon projet de base, très naïf, a été donc d’y installer un festival de rock… »

Il s’associe à des producteurs de spectacle réputés et très rapidement, il comprend que pour que l’idée devienne un projet, il doit être soutenu par un partenaire de premier plan. La rencontre se fait avec la région Ile-de-France et Jean Paul Huchon qui, partageant une même sensibilité culturelle, décide de l’aider. Vient ensuite le choix du lieu, volontairement vierge de toute référence. Après une année à écumer les sous-bois de la région parisienne, le coup de cœur a lieu : ce sera le domaine de Saint Cloud, monument historique aux portes de Paris

Le chemin n’a pas été facile – la production, la programmation, la technique étaient de vrais défis. Et pourtant, dès le 27 août 2023, le premier festival Rock en Seine voit le jour, accueillant 20 000 personnes.

Au fil des ans, le festival est devenu une institution, attirant des milliers de fans et des artistes renommés du monde entier. La clé ? Savoir se renouveler, se remettre en question, créer des surprises, expérimenter la programmation, proposer des expériences : campings, nouvelles scènes, expositions photos, street art, festival pour les enfants… pour maintenir l’excitation de l’événement. Mais au bout de 15 ans, François Missonnier décide de laisser les clés pour mettre ses idées au service d’un autre projet, démarré en 2006, EuropaVox, visant à célébrer la diversité musicale européenne.

La musique au service du projet européen

C’est son attachement à sa région natale, l’Auvergne, qui le pousse à revenir sur ses terres et à rencontrer les acteurs politiques locaux. Ensemble, ils réfléchissent à un nouveau levier pour renforcer l’attractivité du territoire. Nous sommes alors en 2005, une période charnière où le débat sur l’Europe fait rage dans l’opinion publique. Mais la culture reste la grande absente de ce débat, ce qui motive François Missonnier à proposer et développer un projet artistique, culturel et citoyen centré autour de la culture européenne. L’objectif ? Mettre en avant des artistes venant de toute l’Europe pour promouvoir la diversité musicale. Parallèlement, il met en place une plateforme citoyenne permettant la circulation des œuvres, des projets et des répertoires, favorisant les rencontres et encourageant les jeunes à s’impliquer activement dans le projet européen. « Je crois profondément en la capacité de la culture à éveiller les consciences, à susciter la curiosité et à inciter à la participation citoyenne. Les artistes sont des ambassadeurs extraordinaires », souligne François Missonnier. Pour aller encore plus loin, il créé un média. Ainsi, si le festival est par essence un moment éphémère, le média permet au festival d’exister toute l’année et offre l’opportunité de présenter davantage de groupes, d’atteindre un public plus large, de partager la programmation unique et éclectique avec un public de plus en diversifié.

EuropaVox, c’est aussi EuropaVox Campus, un tremplin musical étudiant à l’échelle de l’Europe. Quatre universités européennes organisent des tremplins musicaux, désignant un groupe au niveau de leur université. La finale européenne valorise la pratique musicale au sein des études, ce qui dynamise la vie étudiante, surtout après les défis posés par la période post-covid. « J’aime ces croisements d’idées et d’opportunités », affirme François Missonnier. Ainsi, si l’industrie de la musique a connu d’importants bouleversements ces dernières années en raison des changements dans les habitudes de consommation, tels que la disparition des supports physiques et l’émergence des plateformes de streaming, la création musicale reste florissante, dynamique et riche à l’échelle nationale et européenne : « chaque mois, nous découvrons des pépites d’artistes émergents venant des quatre coins de l’Europe, proposant des créations musicales jamais entendues auparavant. Fort de ce vivier, je reste mobilisé et confiant dans l’avenir de mon métier et du secteur », conclut François Missonnier.

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