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11.09.23

Cyprien Boutard-Gèze : réduire les inégalités sociales grâce à Klaro

       Chaque année, environ 10 milliards d'euros d'aides sociales ne seraient pas réclamés par les Français qui devraient en bénéficier (source : DREES). Manque d’informations, complexité des démarches ou volonté de s’en sortir par soi-même : nombreuses sont les raisons qui poussent les ménages à ne pas réclamer les aides qui leur sont dues. C’est pour pallier ce non-recours aux prestations sociales que Cyprien Boutard-Gèze a créé Klaro, une plateforme qui facilite l’accès à l’ensemble des aides et compléments de revenus disponibles. Rencontre.

110 euros par mois : c’est le montant des aides non réclamées chaque mois par les foyers français. Au total, 37 milliards d’euros ne seraient pas perçus en France. A l’heure où l’inflation étrangle les ménages les plus fragiles et mine le pouvoir d’achat, d’aucuns tentent de participer à la lutte contre la précarité. C’est le cas de Cyprien Boutard-Gèze, créateur de la plateforme Klaro. La raison d’être de cette société à mission ? « Réduire les inégalités sociales et améliorer le pouvoir d’achat de tous ».

Des aides peu réclamées par les Français

En 2019, alors qu’il est bénévole pour la Croix-Rouge, Cyprien Boutard-Gèze prend conscience de l’ampleur du phénomène de non-recours aux prestations sociales. « J’accompagnais les familles à faire le point sur leurs procédures administratives et à obtenir les aides qu’elles ne recevaient pas. Le plus souvent, cela concernait nos concitoyens qui en avaient le plus besoin, parce qu’ils avaient du mal à faire les démarches ou qu’ils n’avaient pas accès à l’information », raconte le jeune entrepreneur.

Un an plus tard, il décide de remédier au problème en créant Klaro. Cette plateforme permet de tester son éligibilité à plus de 1 500 aides et avantages. « En France, les gens font face à une jungle administrative énorme. Il existe une myriade d’organismes et notre rôle est de simplifier l’accès à l’information et aux administrations pour des millions de citoyens », explique Cyprien.

« Il est essentiel d'oser si on veut faire naître des changements. Il faut tenter des choses, tenter l’aventure, tester. »

Utiliser Klaro... pour plus de clarté

Avec cette application web, accessible tant sur mobile que sur ordinateur, l’utilisateur renseigne sa situation et celle de son foyer, puis il est guidé pas à pas pour déterminer son éligibilité à de potentielles aides nationales et locales : « cela va du RSA au bonus vélo, en passant par les aides pour partir en vacances, pour faire des travaux de rénovation, etc. Nos équipes ont absolument tout répertorié ! », s’enthousiasme le fondateur de Klaro. Une dizaine de personnes se charge d’identifier les nouveaux dispositifs d’aides et de procéder à leur mise à jour environ tous les six mois.

Mais l’éclairage et l’accompagnement de Klaro vont encore plus loin : « une fois définies les aides auxquelles vous avez droit, nous remplissons automatiquement les formulaires de demandes d’aide et nous les transmettons aux organismes concernés », ajoute Cyprien.

Aujourd’hui, 600 000 individus sont abonnés à Klaro et 150 000 personnes sont régulièrement actives sur la plateforme. « Les 450 000 restants, ce sont des abonnés qui ne savent pas encore qu’ils bénéficient de Klaro et qui n’ont donc pas activé leur accès. Quand nous déployons l’application au sein de HLM, par exemple, il est très compliqué de toucher l’ensemble des habitants dès le premier jour. Ceux-ci n’ont souvent pas encore eu connaissance de l’information par leur bailleur. »

Car, à la création de Klaro, Cyprien a fait un choix drastique : « nous avons décidé que l’application ne serait pas ouverte au grand public ». Ainsi, la start-up se déploie sur un modèle B2B, en proposant un abonnement à des entreprises, des organismes ou des associations qui l’offrent ensuite à leurs salariés ou leurs bénéficiaires. Certaines écoles et universités proposent également Klaro à leurs étudiants. « Je dirais que 80 % de nos clients sont des entreprises », précise le fondateur de la start-up. « De fait, nous accompagnons une large typologie de personnes : des cols bleus, des populations ouvrières, des cadres… Il existe des aides pour toutes les situations, quels que soient les revenus. Et nous couvrons tout le territoire français, car des aides spécifiques sont pensées pour chaque localité. »

Il est à noter que Klaro adapte ses prix à la population qu’il adresse : « la Croix-Rouge, qui accompagne 80 000 personnes qui sont à la rue, des réfugiés, etc. ne paye pas le même tarif qu’une entreprise de 20 000 salariés. Nous jouons notre part dans la solidarité. »

Une initiative bien perçue par l’État français

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Klaro a reçu un soutien considérable de la part de l’État et du gouvernement, mais aussi de l’ensemble des organismes publics et des collectivités locales. Cyprien insiste : « Quand des aides sont mises en place, c’est pour qu’elles soient obtenues et qu’elles atteignent leur cible ».

Comme l’explique le fondateur de Klaro, les aides sont vues par le gouvernement comme un outil de réduction des inégalités. Une aide non-réclamée, c’est une personne qui n’accède pas aux soins, qui ne se forme ou qui n’entame pas un projet écologique alors qu’elle aurait pu le faire. « Finalement, l’État perçoit cela comme un coût plus important que si ces personnes avaient reçu leurs aides… du moins à long terme », souligne l’entrepreneur.

Trouver un équilibre pour changer le monde

Si Klaro est parvenu à lever 3 millions d’euros en 2022, l’aventure n’a malgré tout pas toujours été un long fleuve tranquille. De son propre aveu, et même si la start-up a finalement su trouver un bel équilibre, son fondateur est tombé dans un écueil classique : celui de se lancer seul, sans associé. « Aujourd’hui, cela nous ralentit. Je ne peux pas avoir de jeu de ping-pong avec quelqu’un, pour penser la stratégie ! », explique Cyprien. En outre, l’entrepreneur estime s’être lancé trop vite dans la création de sa solution : « à mon sens, je n’ai pas été assez à l’écoute de nos utilisateurs. J’ai imaginé Klaro trop en amont, avant même de comprendre en profondeur le problème que je cherchais à régler. »

Pourtant, Cyprien n’en démord pas : « il est essentiel d’oser si on veut faire naître des changements. Il faut tenter des choses, tenter l’aventure, tester. Nul besoin d’attendre d’être fier de ce que l’on propose ! Oser, c’est le seul moyen de pouvoir donner vie au changement que l’on veut voir dans le monde », martèle l’entrepreneur. À la lumière du combat d’intérêt général mené par Klaro, on ne peut que lui donner raison.

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