Des fusions acquisitions à la stratégie d’entreprise
A priori, rien ne prédestinait cette adepte des chiffres à prendre la tête d’une Maison de haute joaillerie. À 43 ans, Camille Vever a officié presque toute sa carrière au sein des services financiers de grands groupes. Experte des fusions-acquisitions et des transactions, son parcours professionnel prend une autre tournure à son arrivée chez Keyrus Biopharma. Bras droit du PDG, elle est nommée directrice générale.
« J’ai appris à diriger une société aux côtés de gens beaucoup plus experts que moi dans ce domaine : des scientifiques, des médecins, des mathématiciens… »
Une expérience marquante, qui la force à “mettre les mains dans le cambouis”. Gestion d’équipes, optimisation des performances, résolution de problèmes opérationnels, elle découvre alors son appétence pour le management et sa valeur ajoutée en tant que cheffe d’entreprise. Trois ans plus tard. Camille est armée. Confiante en son intuition, elle ose un virage à 360°.
“Un projet un peu fou” soutenu par de nombreux acteurs
Elle écoute sa petite voix intérieure, celle qui depuis ses 16 ans rêve de la voir reprendre l’entreprise familiale.
« Mes proches trouvaient l’idée un peu folle, mais savaient très bien que rien ni personne ne pourrait me faire changer d’avis. J’avais ce rêve depuis mes 16 ans, date anniversaire lors de laquelle j’ai reçu mon tout premier bijou Vever. Il fallait que je le fasse. »
Et l’aventure personnelle devient définitivement une aventure familiale, lorsque son frère Damien la rejoint.
Ses diverses expériences cumulées lui permettent d’appréhender avec confiance cette déviation comme une continuité de sa trajectoire professionnelle. L’idée séduit. Son ancien patron, Eric Cohen, le PDG de Keyrus, qui l’encourage dans son projet, mais également des investisseurs.
Camille Vever décide de rejoindre l’incubateur de l’Académie des métiers d’art, qui lui apportera une formation et lui ouvrira les accès du milieu secret de la joaillerie. Camille fait la connaissance d’experts du métier et rencontre Coralie de Fontenay, ancienne directrice générale de Cartier, Frédéric de Narp, ancien président de Harry Winston, ou encore Sandrine de Laage, ancienne directrice de création chez Harry Winston, qui deviendra la griffe créative de la Maison Vever et dessinera toute la collection. Ensemble, ils décident d’unir leur force et de relancer la Maison de joaillerie.
Quelques semaines après le lancement officiel de l’entreprise, la Maison opère une levée de fonds auprès de l’industrielle Pauline Duval, de la financière Rajaa Mekouar, de l’investisseure Maha Daoudi ou encore de l’entrepreneure Valentine de Lasteyrie. Des soutiens féminins, suivis quelques mois plus tard d’une deuxième levée de fonds auprès de fonds à impact.
Une joaillerie éthique
Camille Vever s’inscrit dans l’héritage de la tradition et de l’excellence Vever, tout en s’adaptant aux enjeux environnementaux et sociétaux du 21ème siècle. Son credo ? “Pour ne rien changer, il fallait tout changer !”.
Un principe s’impose alors à elle comme une évidence : proposer des bijoux qui concilient beauté esthétique et matériaux respectueux de la nature et des droits de l’homme. Pas d’extraction minière à l’autre bout du monde – Camille Vever fait le pari complexe du diamant de laboratoire. Même combat pour l’or, puisque toutes les pièces utilisées proviennent d’or recyclé, travaillé par des fondeurs et des affineurs spécifiques. Pour honorer ses ambitions, Camille Vever est intransigeante dans la recherche de professionnels et d’artisans de pointe, avec le made in France et la qualité comme fils conducteurs de toutes ses créations.
Un engagement qui lui vaut d’être à l’origine de la création de la toute première entreprise de joaillerie, et du secteur du Luxe, à être certifiée entreprise à mission. Avec pour raison d’être de renouveler la proposition de valeur des grandes maisons historiques, en offrant une joaillerie engagée et réconciliée avec l’écologie, qui valorise le savoir-faire français.
Sur sa réussite, pas question pour Camille Vever de “donner des leçons” ou d’asséner des “vérités absolues”. Elle expose son succès avec humilité : “Vivre est une chance inouïe. J’ai envie de vivre ma vie à 100%, c’est dans ma personnalité de prendre des décisions, d’essayer, d’apprendre de mes erreurs”.
Si le risque et l’audace sont des moteurs de vie, la notion de transmission est également au centre de ses préoccupations. Cette maman de deux garçons souhaite ainsi leur démontrer concrètement que “lorsqu’on ose, qu’on travaille avec détermination, et qu’on a l’humilité de s’entourer, on peut réaliser ses rêves”.
« Lorsqu’on ose, qu’on travaille avec détermination, et qu’on a l’humilité de s’entourer, on peut réaliser ses rêves. »