À l’occasion de la Rencontre des Entrepreneurs Français organisée par le Medef, Elisabeth Borne a invité les chefs d’entreprise à mettre en place un plan de sobriété, évoquant des mesures de rationnement face à d’éventuelles pénuries d’énergie cet hiver : « J’appelle les entreprises à établir, en septembre, son propre plan de sobriété. (…) Si nous devions en arriver au rationnement, les entreprises seraient les premières touchées« .
Au-delà même de la dimension énergétique, plusieurs enseignes de la grande distribution avaient déjà mis en place des restrictions sur certains produits alimentaires afin d’empêcher toute pénurie. Dès le mois de mars, dans certains supermarchés, les clients étaient limités sur certains produits comme l’huile les obligeant à s’approvisionner plus régulièrement et donc à se déplacer….en voiture.
Le mot ration vient du latin ratio qui signifie calcul, somme. En ancien français, il désigne la partie de la solde d’un militaire qui est mise en commun. Petit à petit son usage s’élargit à la portion de nourriture, au calcul de la quantité normale consommée quotidiennement.
Le terme rationnement apparaît pour la première fois en 1846 dans l’essai intitulé Système de contradictions économiques rédigé par Pierre-Joseph Proudhon. Il est ensuite utilisé en 1870 dans les Carnets intimes de Victor Hugo qui évoque le rationnement de la viande lors de la Guerre franco-prussienne. En 1973, après le premier choc pétrolier, plusieurs pays n’avaient pas hésité à mettre en place une politique de rationnement d’essence.
Face aux guerres, aléas climatiques, crises économiques, la pénurie a, de tous temps, imposé des rationnements mis en place dans la sphère privée ou collective. Le Gouvernement prépare les esprits à un hiver complexe, n’hésitant pas à recourir au vocabulaire militaire quant à la gravité de la situation. L’individualisme qui nous anime de plus en plus devra s’effacer dans les prochaines semaines pour traverser collectivement cette épreuve…
Delphine Jouenne