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Le 28 mars, Laurent Berger soumettait une proposition faisant un pas en direction du gouvernement : prendre un mois, un mois et demi pour reprendre les discussions liées à la réforme des retraites. Fin de non-recevoir. Le lendemain, Elon Musk et 100 experts réclamaient une pause dans le développement de l’intelligence artificielle. Le monde qui nous entoure semble vouloir dire stop. La pause s’impose.

Emprunté au latin pausa qui signifie l’arrêt momentané d’une activité, on prête également au mot pause un emprunt au grec pausis reposant sur le verbe pausai se traduisant par « arrêter ». Le mot en français est initialement utilisé dans le domaine musical, valant deux temps là où le silence n’en vaut qu’un.

Dans un monde en perpétuel mouvement où nous sommes mobilisés à outrance, le silence n’est plus. Or, il y a de cela quelques années, on éteignait encore collectivement la télévision pour aller dormir, on profitait du dimanche pour se poser et se reposer. Désormais avec le digital, la démocratisation du télétravail, la fin de la frontière entre travail et vie privée, les sollicitations sont de plus en plus nombreuses créant une génération d’êtres épuisés.

Dans Ainsi parlait Zarathoustra (1883), Friedrich Nietzsche prophétisait cette grande fatigue historique avec la figure du « Dernier Homme » : « Le temps vient où l’homme deviendra incapable d’enfanter une étoile qui danse […]. Qu’est-ce qu’aimer ? Qu’est-ce que créer ? Qu’est-ce que désirer ? Qu’est-ce qu’une étoile ? Ainsi parlera le Dernier Homme, en clignant de l’œil. La terre alors sera devenue exiguë, on y verra sautiller le Dernier Homme qui rapetisse toute chose. ».

En mettant sur pause, on accepte que le temps continue de s’écouler sans que rien ne change : un temps vide selon Aristote. Un temps nécessaire et bénéfique pour Pierre-Joseph Proudhon dans son livre « La célébration du dimanche » pour qui le dimanche nous rassemble sans démarche productiviste.

Alors prenons le temps de mettre sur pause et non sur pose, prenons du recul et pourquoi pas tentons le pas de côté !

Delphine Jouenne