Alors que l’intersyndicale appelait à une 14ème journée de mobilisation contre la réforme des retraites mardi 6 juin, le secrétaire général – en partance – de la CFDT, Laurent Berger a estimé publiquement que le « match était en train de se terminer ».
On notera l’usage intéressant de ce terme sportif, que l’on qualifierait intuitivement d’anglicisme. Peut-être ne l’est-il pas tant… il aurait en réalité des origines bien françaises, signifiant « la mèche de bougie », dérivé du latin populaire, « micca », le lumignon, devenu au XIVème siècle « macche » dans la bouche de nos voisins d’outre-manche. S’il y a depuis plusieurs mois des mèches allumées de toutes parts pour faire vivre les braises de la contestation, elles semblent toutefois ne plus embraser l’opinion après ce difficile bras de fer, comme en témoigne la moindre participation aux rassemblements.
On le voit, les mots peuvent passer d’une langue à l’autre, comme les balles que se renvoient deux tennismen sur un court de terre battue. Car le « match » est aujourd’hui la rencontre sportive, une compétition entre deux concurrents ou deux équipes. Si les joueurs français ont quitté cette année encore la compétition avant les 8èmes de finale, cette édition 2023 est celle du quarantième anniversaire de la superbe victoire de Yannick Noah.
Car derrière les matchs, il y a l’affrontement pacifique, mais aussi le beau jeu. C’est peut-être du beau jeu que les Français attendent en politique. Dans le conflit social actuel, ni balle de match décisive, ni « perdants » et « gagnants » à proprement parler, simplement des forces en présence qui doivent retrouver le chemin du dialogue constructif, la nécessité de « matcher » à nouveau, notamment sur le sujet du travail, avec pour seul arbitre l’opinion publique et les électeurs.
Delphine Jouenne