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Une semaine après l’élection d’Emmanuel Macron à La Présidence de la République, les voix de l’extrême, qu’elles soient de gauche ou de droite, tentent de remettre en cause la légitimité du vote. Les raisons invoquées : le fort taux d’abstention qui ferait de notre Président, un candidat mal élu mais également un vote qualifié de barrage et non d’adhésion. Un jeu dangereux qui abîme les fondements mêmes de notre démocratie.

Le procès en illégitimité est une petite musique qui se fait de plus en plus entendre alors même qu’en 1969, personne n’avait remis en cause l’élection de Georges Pompidou avec une abstention record de 31,15%. En mars dernier, Gérard Larcher, président du Sénat reprochait à Emmanuel Macron son entrée tardive en campagne, n’hésitant pas à soulever la question « de la légitimité du gagnant ». Or, qu’est-ce que la légitimité ? Originellement, la légitimité renvoie à la confiance, à un crédit initial, répondant à la question « Quid Juris ? » Bien que Thomas d’Aquin évoque la notion de pouvoir légitime au XIIIème siècle, le mot n’est apparu qu’au début du XIVème siècle pour designer ce qui est conforme à la loi. Quand, à un moment, le système politique ne parvient plus à satisfaire les attentes des citoyens, il rentre dans une crise de légitimité.

Cette crise est généralement due à une incapacité à promouvoir le débat, l’argumentation pour obtenir l’adhésion du plus grand nombre. Mais est-ce pour autant que la légitimité se doit de répondre à une somme de revendications individuelles ? La légalité est la conformité à la loi et aux institutions quand la légitimité repose sur la conformité des valeurs partagées, supérieures à l’ordre juridique. Le nazisme est arrivé au pouvoir de façon légale mais sans légitimité. Nous sommes proches du ressort du tragique… Aucun pouvoir ne peut perdurer sans légalité par le droit mais également sans légitimité c’est-à-dire reposant sur un système de valeurs et une autorité reconnue. À la différence de la domination, que suit la brutalité, l’autorité nécessite en effet une part de légitimité.

Le processus de décomposition politique auquel nous assistons favorise la montée des contestations, l’érosion de l’autorité et donc la montée de la radicalité. La vigilance est de mise et l’enjeu des élections législatives de juin n’en sera que plus tendu… Gardons en tête cette citation d’Albert Camus : « Faites attention, quand une démocratie est malade, le fascisme vient à son chevet mais ce n’est pas pour prendre de ses nouvelles. »

Delphine Jouenne