Alors que la participation du Président de la République, Emmanuel Macron, à la messe du Pape François au Vélodrome de Marseille en septembre et, plus récemment, la bougie allumée pour Hanouka dans la salle des fêtes de l’Élysée ont suscité la polémique, les débats autour de la laïcité ont rarement été aussi vifs qu’aujourd’hui. Et pour cause, il s’agit d’une notion fondatrice de notre République dont la compréhension et l’interprétation continuent de faire dissensus, comme le montrent différentes études d’opinion réalisées par des instituts de premier plan* à l’occasion de la Journée nationale de la Laïcité (09.12.2023).
La mot « laïcité » vient du latin ecclésiastique laïcus qui signifie « commun au peuple ». Il est lui-même emprunté du grec laikos, « non-clerc », dérivé de laos, lequel, employé au pluriel, désigne de simples soldats et citoyens. Ainsi, la laïcité consiste à respecter pleinement la liberté de penser de chacun et à s’interdire toute forme d’intolérance en matière de religion. L’utilisation du mot en français est relativement récente puisqu’elle date de 1880.
La sécularisation du sacré est le produit d’une longue et chaotique histoire, qui conduit à la séparation des Églises et de l’État en 1905. Les contours du concept de laïcité avaient néanmoins déjà été dessinés lors de la Révolution française. Ils se sont ensuite affinés dans les années 80. Au-delà de la morale, la laïcité est un idéal : la liberté absolue des consciences.
Aujourd’hui, l’État définit** cette notion comme « la garantie de la liberté de conscience, de laquelle découle la liberté de manifester ses croyances ou convictions dans les limites du respect de l’ordre public » et qui implique « la neutralité de l’État et impose l’égalité de tous devant la loi sans distinction de religion ou conviction ».
Si la traduction pratique et politique de ces préceptes peut faire débat afin de trouver le juste équilibre entre épanouissement spirituel et religieux et neutralité de l’espace public, il est essentiel que le principe directeur de la laïcité soit un cap pour toutes et tous dans la manière d’appréhender le vivre-ensemble. Tout particulièrement en ces temps troublés, qui invitent à la tolérance, la solidarité et l’union. Comme le souligne le philosophe Henri Peña-Ruiz : « la laïcité n’est pas de l’ordre d’une option spirituelle particulière, mais constitue une condition de possibilité fondamentale de la vie publique. On ne saurait en conséquence la renégocier sans cesse, notamment au gré des fluctuations du paysage religieux et des rapports de force qui les sous-tendent. »*** À bon entendeur !
*Étude Kantar du 30.11.2023 et étude IFOP du 08.12.2023
**laicite.gouv.fr
***Qu’est-ce que la laïcité ?, Gallimard, coll. « Folio Actuel », 2003
La rédaction d’À priori(s)