Toutes les trois minutes, un enfant est victime de viol, d’inceste ou d’agression sexuelle…
Face à ce fléau, nous ne pouvons passer sous silence ce mot que l’on n’ose prononcer et les initiatives mises en place pour une prise de conscience collective. Vendredi dernier le Gouvernement a lancé la première campagne choc de sensibilisation à l’inceste. Charlotte Caubel, secrétaire d’Etat chargée de l’Enfance l’avait annoncé : « Cette campagne est là pour percuter les estomacs, les esprits, les consciences ». Cette opération de grande envergure puisqu’elle sera diffusée sur les chaînes de télévision, dans les salles de cinéma ou bien encore sur les réseaux sociaux, est la première sur ce douloureux sujet. Objectif : lancer une prise de conscience nationale pour être en mesure de prévenir car, sans le savoir, nous connaissons un enfant victime et un adulte agresseur. Aujourd’hui, 97% des plaintes pour viol sur mineurs ne donnent pas lieu à une condamnation. L’actrice Emmanuelle Béart a également souhaité sortir du silence puisque le 24 septembre, M6 diffusera son documentaire qui donne la parole à des adultes victimes d’inceste dans leur enfance.
Le mot, qui est apparu dans les textes religieux au XVIème siècle, vient du latin incestus, in-cestus, non chaste, impur, souillé. La mythologie retrace de nombreuses tragédies mais aussi des scènes violentes et incestueuses. Violo en latin, attentat, renvoie au viol et à la sexualité, et à la force vitale, en grec. C’est le temps qui arrête l’inceste entre le ciel-fils (Ouranos) et la terre-mère (Gaïa), parents archaïques de l’humanité. L’enfant de l’inceste est soit un monstre, soit un héros triomphant. En égyptien, les mots « frère » et « sœur » signifient « amant » et « amante ». Quant aux Grecs Anciens, ils considèrent l’inceste, sans le nommer, comme une outrance de l’amour réservée aux dieux et exclue du droit des hommes, comme toutes les outrances.
S’appuyant sur le mythe d’Œdipe, Freud brise un tabou en mettant en exergue la réalité des agressions sexuelles et de l’inceste dans Totem et Tabou. Quant à Claude Lévi-Strauss, il considère que la prohibition de l’inceste à permis à l’humanité de sortir de l’animalité.
Quoi qu’il en soit, l’inceste est une affaire de silence et de secret, il est désormais temps de faire du bruit sur l’inacceptable en accueillant la parole de l’enfant et en le protégeant.
Informations pratiques :
Un numéro de téléphone unique est disponible au moindre doute : le 119.
La campagne du Gouvernement : https://www.gouvernement.fr/actualite/le-gouvernement-contre-les-violences-sexuelles-faites-aux-enfants
Delphine Jouenne
