12ème jour de grèves pour les salariés de TotalEnergies générant des tensions d’approvisionnement en essence pour les automobilistes. Nous assistons à des scènes ubuesques de files d’attente interminables aux stations essence malgré l’appel au calme du Gouvernement. Face aux bénéfices record du Groupe, les grévistes réclament une hausse salariale de 10%, leur permettant également de prendre en compte l’inflation. Au-delà même de ce mouvement, la perspective de la grande marche contre la vie chère prévue dimanche témoigne d’une tension sociétale, digne, pour Jean-Luc Mélenchon, d’un épisode de la Révolution française. Nombreux sont ceux, tous secteurs confondus, qui prévoient de battre le pavé cette semaine.
Grève, vient du latin populaire grava qui signifie « gravier » mais également « plage » en latin médiéval. Le mot se rapproche également du latin gravis , qui se traduit par « dur, difficile ». On retrouve ce terme et cette idée de plage, quand on parle de la traversée de la baie du Mont Saint-Michel, appelée également « traversée des grèves ». Et par extension, dans la région bordelaise et ses terres sablonneuses, on peut boire de très bons « Côte de Graves ».
Concernant l’arrêt de travail, celui-ci tire son origine de la Place des Grèves à Paris, qui était submergée de sable et où se réunissaient les ouvriers qui attendaient de se faire embaucher. C’est là que se tenaient les exécutions capitales jusqu’à la révolution de 1830, et que, tous les ans, était tiré un feu d’artifice à la Saint-Jean. On trouvait également des lieux dénommés « La Grève », à l’intérieur des remparts de certaines villes : places communes, lieux de réunion des citadins, villageois ou encore forains, lieux d’échanges, de ventes, de marchandages, y compris pour les « marchands d’hommes » …
L’expression « faire grève » est apparue officiellement au XIXème siècle, elle signifiait « quitter son ouvrage pour demander une augmentation », tandis qu’« être en grève » recouvrait l’idée de « chercher du travail ». Dès 1785, des ouvriers du bâtiment avaient afflué place de grève pour faire augmenter leur journée. Faire la grève, c’est d’abord prendre la route, marcher jusqu’à la ville, puis attendre (« être en grève »). On peut quitter son employeur (« se débaucher ») et revenir en grève, et enfin, si celui-ci n’est pas satisfait, être renvoyé à la grève !
Faisons le vœu pour les prochaines semaines d’éviter la grève générale au profit d’un rêve général.
Delphine Jouenne