La mobilisation interprofessionnelle du jeudi 19 janvier dernier était observée avec attention tant ces rendez-vous syndicaux donnent généralement le ton des tensions sociales. Avec plus de 1 million de personnes en France, selon les chiffres du Ministère de l’intérieur, le « coup d’envoi » de ce rassemblement semble réussi pour les opposants à la réforme des retraites qui ont déjà annoncé une nouvelle mobilisation générale le 31 janvier.
Cette intensification de la pression sur le gouvernement a-t-elle pour autant une chance d’aboutir quand on sait qu’Emmanuel Macron n’aura pas d’autres opportunités politiques de réaliser une réforme qu’il promet à ses électeurs depuis…2017 et dont les contours ont sensiblement évolué pour emporter notamment le soutien d’une Assemblée nationale divisée.
Grève, vient du latin populaire grava qui signifie « gravier » mais également « plage » en latin médiéval. Le mot se rapproche également du latin gravis, qui se traduit par « dur, difficile ». Alors que certaines incertitudes demeurent sur le texte final, la dureté du mouvement social semble assurée et la tâche du gouvernement pour mener à bien la réforme devrait se rapprocher des sables mouvants plutôt que des étendues paradisiaques de sables fins.
Concernant plus particulièrement l’utilisation du mot grève pour l’arrêt de travail, celui-ci tire son origine de la Place des Grèves à Paris, qui était submergée de sable et où se réunissaient les ouvriers qui attendaient de se faire embaucher. C’est là que se tenaient les exécutions capitales jusqu’à la révolution de 1830 et que, tous les ans, était tiré un feu d’artifice à la Saint-Jean. On trouvait également des lieux dénommés « La Grève », à l’intérieur des remparts de certaines villes : places communes, lieux de réunion des citadins, villageois ou encore forains, lieux d’échanges, de ventes, de marchandages, y compris pour les « marchands d’hommes » …
L’expression « faire grève » est apparue officiellement au XIXème siècle, elle signifiait « quitter son ouvrage pour demander une augmentation », tandis qu’« être en grève » recouvrait l’idée de « chercher du travail ». Dès 1785, des ouvriers du bâtiment avaient afflué place de grève pour faire augmenter leur journée. Intéressant de constater qu’aujourd’hui, le mouvement de grève défend l’idée de moins travailler.
La bataille qui s’annonce sera rude, dans la rue bien sûr mais peut-être aussi parmi les parlementaires qui joueront eux-aussi leurs différentes partitions. Nous verrons dans les prochaines semaines si certains acteurs battront en retraite…
Delphine Jouenne