Les 22èmes Rencontres économiques d’Aix-en-Provence, auxquelles a assisté la rédaction d’À priori(s), se sont déroulées du 8 au 10 juillet. Ce moment fort de réflexion collective – le plus grand événement de débat d’Europe – avait cette année une tonalité particulière tant l’agenda politique chargé du premier semestre et les sources d’inquiétudes – politiques, géopolitiques, économiques, sociales – demeurent fortes.
Les constats, unanimes, des 350 intervenants, évoquent un moment inédit de crises lancinantes à la veille de secousses dont la violence et les conséquences dramatiques demeurent incertaines. Pour Jean Monnet « les hommes n’acceptent le changement que dans la nécessité et ils ne voient la nécessité que dans la crise ». Nous y sommes et si un mot devait ressortir de ces débats il s’agit peut-être de « génération ».
En effet, l’enseignement principal de ces trois jours a été de se préparer à la crise qui arrive pour agir avec équilibre, rationalité et un engagement sans faille, pour nous, pour ceux qui viendront après nous.
Édouard Philippe, lors de son intervention, a justement rappelé notre « capacité collective à nous raconter des histoires ». Il est temps désormais d’agir !
Pour la transition écologique bien sûr, car le péril s’annonce beaucoup plus rapide que prévu, mais aussi pour la souveraineté industrielle et technologique, la jeunesse et la mise en place d’un pacte social intergénérationnel – proposé dans la déclaration finale des Rencontres – autour de la formation, de la fiscalité, du système de retraites et de l’autonomie pour réconcilier les Français, délaisser les postures individualistes et renouer avec l’esprit d’un bien commun à préserver.
La prise de conscience semble là, bien que brutale pour certains. Trouvons ensemble, avec agilité, souplesse, adaptabilité, les moyens de lier les générations autour d‘un projet « socialement juste, créateur de croissance et acceptée par tous ». Le bien-être, peut-être la survie, de nos générations et de toutes celles à venir en dépend. Mais restons prudent aux forces de l’immobilisme en rappelant les mots d’Edgar Faure en 1968, alors qu’il s’apprêtait à effectuer une réforme de l’éducation nationale : « En décrétant le changement, l’immobilisme s’est mis en marche et je ne sais plus comment l’arrêter. »
Delphine Jouenne