Elles s’appellent Caroline, Maureen, Josette, Gaëlle, Ginette, Nelly, Nicole, Hilal, Julie… Et bien d’autres encore, la liste est interminable…Ces prénoms cités, ce sont en effet ceux de ces femmes, victimes jusqu’à la mort, de violences sexuelles. Nous sommes le 25 novembre, journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes organisée depuis 1999 par l’Organisation des Nations Unies (ONU). Cette journée fait suite à la Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes adoptée le 20 décembre 1993 par l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU).
Le nombre de féminicides a augmenté de 20% en France en 2021 par rapport à l’année précédente, avec 122 femmes tuées sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint, contre 102 en 2020. Ce 25 novembre 2022, nous dénombrons d’ores et déjà 102 féminicides.
À l’impensable de cette réalité s’ajoute l’impensable linguistique. Car féminicide, qui signifie le meurtre d’une femme en raison de sa condition de femme, n’a aucune réalité étymologique. En effet, homicide, qui désigne un meurtre, n’inclut aucune distinction de genre ou de sexe : homo, hominis, signifiant être humain, et caedere, tuer. Impensable à double titre donc, le mot ne passe également pas sous les fourches caudines du traitement de texte, pas plus que de celles de la plupart des dictionnaires, ou encore de l’Académie française, refusant chacun l’existence de ce mot. Acte linguistique… Ou politique ? La notion, aussi impensable soit-elle, est apparue au début du XXème, puis a été popularisée au début des années 80. Ce sont deux féministes, Jill Radford et Diana Russell, qui l’évoquent dans leur livre Femicide, The Politics of Woman Killing (en français : « L’Aspect politique du meurtre des femmes ») publié en 1992.
Le domaine du droit a ensuite dû s’emparer du concept, contraint, face à la réalité, d’exhumer le terme en 2014. Le meurtre d’une femme est alors qualifié de féminicide quand il constitue le point d’aboutissement d’un continuum de violences liées à sa condition.
C’est non ! En janvier 2017, le législateur a reconnu le sexisme comme circonstance aggravante d’un crime ou d’un délit, sans pour autant créer de catégorie juridique spécifique, neutralité et universalisme du droit obligent.
Pourtant, face à des meurtres de femmes encore qualifiés de crimes passionnels, des associations militent pour la reconnaissance du féminicide comme « fait de société ».
Finalement, fin août 2019, la procureure en charge de l’affaire évoquera un féminicide pour qualifier un meurtre. L’une des premières fois qu’un représentant du droit s’autorise son utilisation.
Pour rappel, il existe une ligne d’écoute, d’information et d’orientation, le 3919 disponible 24h/24 et 7 jours sur 7 pour les femmes victimes de violence, leur entourage et les professionnels. Ce numéro n’est pas tracé sur les factures téléphoniques. De même un numéro dédié à toutes les victimes de violences a été mis en place, le « 08 victimes ». Une plateforme Mémo de Vie ( https://memo-de-vie.org ) a également été développée sous l’égide du ministère de la Justice portée par la Fédération nationale d’aide aux victimes.
Un espace d’informations est également accessible et apporte de nombreuses réponses aux questions que vous pourriez vous poser : https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A16162
Delphine Jouenne