Le début d’année approchant, le traditionnel débat concernant les étrennes bat son plein. Faut-il ou non donner des étrennes ? À qui ? Ce petit présent déchaîne les passions dans tous les halls d’immeubles. Entre calendriers de l’éboueur ou du postier, sommes d’argent pour sa gardienne ou son gardien, ou encore présent pour des services rendus, chacun y va de son interprétation. Cette coutume a subi de nombreuses interdictions, tant de la part des révolutionnaires que de celle de l’Église, opposée à cette pratique qui nous vient pourtant de l’Antiquité.
Étrenne vient du latin strena qui signifie « pronostic, présage signe », mais également, au sens figuré, de « présent que l’on fait un jour de fête ». La légende dit également qu’aux abords de Rome, il existait un bois où l’on allait cueillir de la verveine, et celui-ci appartenait… à la déesse Strenia. Aucune trace de cette déesse, si ce n’est dans ce cas précis ! Quelle qu’en soit l’origine, les Romains allaient, le premier jour de l’année, cueillir de la verveine qu’ils offraient, non pas à leurs proches mais aux magistrats de la cité pour leur souhaiter la bonne année. La verveine tomba peu à peu en désuétude, remplacée par des douceurs, miel et dattes notamment. À défaut des pots de vin, on offrait des pots de miel !
Puis avec le temps, on offre des médailles et de l’argent, coutume qui perdura sous l’Empire romain, faisant ainsi profiter l’empereur de ces cadeaux. Tibère, lui-même peu favorable à cette tradition, faillit la supprimer et finit par la cantonner au premier jour de l’année. Caligula, qui vint après, ne l’entendait pas de la sorte. Il regretta la désuétude dans laquelle son prédécesseur avait laissé tomber cette profitable coutume et… redemanda des étrennes. Ce fut chose faite : on ne déplaît point à son Empereur !
Les Romains avaient la verveine, les Celtes, le gui. On a tous en tête l’image de Panoramix, allant cueillir régulièrement du gui. La coutume a donc bel et bien traversé les Alpes.
Sous le règne de Louis XIV, les étrennes devinrent luxueuses à la cour du Roi. En qualité de favorite, La marquise de Montespan recevait même chaque année un cadeau de la Reine…
En 1793, elles furent supprimées par les révolutionnaires, mais elles ont la peau dure… et résistent encore de nos jours.
Ainsi, même si la fin de cette année est placée sous le signe des restrictions énergétiques, Cette période reste propice pour gâter ses proches et plus particulièrement ceux qui ont besoin d’un petit coup de pouce.
Delphine Jouenne