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Il y a 42 ans, le Gouvernement décidait de donner un statut officiel à la journée du 8 mars, constituant aujourd’hui une journée d’action, de sensibilisation et de mobilisation dédiée à la lutte pour les droits des femmes, l’égalité et la justice. Certes, le chemin reste encore long. En attestent les dénonciations d’abus dans différents secteurs, à l’instar actuellement du cinéma, mais les avancées sont réelles avec l’inscription ce jour de l’interruption volontaire de grossesse dans la Constitution. Cette semaine particulière nous permet de revenir sur le mot « emprise », qui a donné lieu à plusieurs livres sur le sujet.

Le terme, dans sa définition étymologique signifie « entreprendre ». Il a d’abord désigné une belle action, une prouesse chevaleresque. Repris au XIXème siècle, il prend le sens de domination intellectuelle ou morale. On retrouve ce sens dans l’expression « être sous emprise », puisqu’il y a cette notion d’ascendance. Mais l’emprise constitue également une altération, puisqu’on perd une partie de ses capacités, de raisonnement, de son libre arbitre. C’est une forme de liberté conditionnelle permettant d’afficher une forme de normalité. Quand on parle d’emprise, on pense en premier lieu à celle exercée par des hommes sur des femmes, or l’emprise abolit la différence de sexe puisque le seul objectif du dominateur sera de jouir de l’annihilation de jugement d’autrui. Freud a appelé ces phénomènes d’emprise des « pulsions de mort ». La relation d’emprise peut difficilement se définir, mais elle conduit à la destruction de soi, qu’elle soit individuelle ou collective (dans des groupes sectaires par exemple). Dans Phénoménologie de l’esprit paru en 1807, Hegel évoque la dialectique du maître et de l’esclave afin de mettre en scène le conflit propre à l’existence humaine d’un rapport de domination qui s’inverse dès lors qu’un dominé risque sa vie pour sortir de l’esclavage.

L’année dernière, Emilie Chandler, députée, et Dominique Vérien, sénatrice, ont remis au ministre de la justice un rapport de propositions pour lutter contre les violences conjugales avec l’intégration de la notion de « contrôle coercitif » pour désigner la prise en compte de situation d’emprise dans un couple.

Le chemin de la prise en considération de ces situations est encore long et les mots pour le dire sont souvent trop faibles. Il est désormais temps de ne les plus minimiser pour prendre pleinement conscience de ces situations inacceptables.

La rédaction d’À priori(s)