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« On n’est pas sérieux quand on a 17 ans ». Ainsi commence Roman, poème d’Arthur Rimbaud dans lequel il évoque la légèreté d’une rencontre amoureuse dans l’ivresse du printemps.  

Cette légèreté est absente de ce début de semaine, après la mort de Nahel du même âge sous les balles d’un policier, un âge où la gravité ne devrait tenir lieu d’horizon.  

Ce qui traverse la société aujourd’hui c’est l’émotion face à ce geste inacceptable, mais aussi l’effroi face à la violence qui se déchaine, touche les habitants de nombreuses communes, les citoyens et leurs services publics, tout comme les travailleurs et les commerçants.   

De l’émotion on peut basculer à l’émeute, un terme dérivé d’esmeu, l’ancienne forme du participe passé d’émouvoir, ayant évolué sous l’influence de la meute, devenant un mouvement, une agitation. Du Moyen Âge à la Renaissance, une Esmote qualifiait une émotion collective se traduisant sous la forme d’un soulèvement populaire spontané. Son sens on le voit, n’a en rien varié.  

Toutes les formes de la violence sont inacceptables en toute situation dans une démocratie mature. L’heure est au retour au calme et c’est le sens des mesures annoncées par le Président de la République et sa Première ministre vendredi. Mais une prise de distance nécessaire doit amener à une réflexion sur les causes profondes de ces soulèvements, éruptifs, mais pas inattendus.  

Les quartiers prioritaires de la Ville (QPV) sont-ils aujourd’hui encore prioritaires ? L’enclavement urbain est toujours une réalité pour nombre de nos concitoyens et force est de constater qu’aucune alternative d’ampleur n’est venue proposer des réformes systémiques depuis la mise à l’écart du rapport Borloo, dit « plan Banlieue » en 2018. Ce sujet mérite un traitement dès à présent, au-delà de la réponse sécuritaire d’urgence, tant le chantier se mènera au long court, au risque de n’être qu’une chronique dramatique de notre vie politique.  

Delphine Jouenne