25.07.22

Bras de fer

Quatre jours de débats, c’est ce qu’il aura fallu pour discuter du projet de loi en faveur du pouvoir d’achat. Quatre jours qui risquent de se prolonger avec les suites du projet de loi de finances rectificative dont les mesures destinées à contrer les effets de l’inflation seront débattues lundi.
Avec une Assemblée nationale fragmentée, les bras de fer vont devenir légion. Cette expression imagée traduit bien l’idée d’opposition vive, quasi physique entre deux camps. C’est un face à face qui s’inscrit dans la durée et pour lequel les adversaires se font face dans une seule logique : faire plier l’autre. Ces adversaires coude sur la table se font face et « poussent » jusqu’à ce que l’un des deux cèdent en posant son avant-bras sur la table. Le fer est le symbole de la force et de la solidité qui s’ajoute également au bras, ce membre qui tient l’épée. On parle d’ailleurs de bras armé pour désigner une police, ou un organe fort, officiel ou non. Les bras traduisent souvent, dans les expressions françaises, une attitude : on baisse les bras quand on déclare forfait, on lève les bras au ciel pour supplier mais ils peuvent aussi traduire la stupéfaction dans la phrase « Les bras m’en tombent ». Le bras et le fer marque donc d’un côté la force et l’autorité et de l’autre la solidité contenue dans le fer. C’est une véritable épreuve de force qui semble s’engager à chaque débat parlementaire.
Pour éviter tout bras de fer stérile, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun Pivet souhaite mettre en place un système plus collaboratif entre les ministres et les parlementaires de tous bords. Elle déclarait dans une interview publiée le 24 juillet dans Le Journal du Dimanche : « J’attends du gouvernement aujourd’hui qu’il soit dans une position d’écoute, de dialogue, et qu’il puisse prendre en compte les sensibilités exprimées par les uns et les autres. »

Face à la stratégie de surenchère mise en place par les Nupes, l’Assemblée nationale risque de tâtonner avant de trouver son rythme de croisière. Mais l’opinion susceptible de se lasser des frasques de ses députés, permettra, nous l’espérons, de retrouver le chemin d’un débat apaisé et constructif.

Delphine Jouenne