Le média des décideurs

Newsletter

Rechercher
Fermer ce champ de recherche.
Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Boycotter ou ne pas boycotter, telle est la question. En 2022, en signe de solidarité envers l’Ukraine fraîchement attaquée par la Russie de Vladimir Poutine, de nombreuses entreprises françaises avaient lancé un appel au boycott en se retirant du marché russe. Deux ans après le début du conflit, si la majorité de ces entreprises tricolores ont maintenu leur position, force est de constater que certaines ont fait volte-face et sont accusées désormais de soutenir involontairement l’effort de guerre de l’État russe.

Le terme boycott, dérivé du nom d’un propriétaire terrien irlandais fortuné du XIXe siècle, Charles Cunningham Boycott, qui fut victime d’un blocus de la part de ses fermiers mécontents de ses pratiques, désigne le rejet collectif et organisé de l’achat ou de la vente des produits ou services d’une entreprise ou d’une nation afin d’exprimer une hostilité et d’exercer une pression sur elle. Ce concept s’étend également au refus collectif de participer à des élections ou à des événements.

Un moyen de lutte politique interne donc, qui a gagné le terrain de la consommation mondiale au fil des décennies, à la fois sur le plan politique, moral et environnemental. Ainsi, de nouvelles formes de campagnes de boycott ont émergé, initiées par des organisations de consommateurs ou des mouvements écologistes. Parmi elles, l’appel au boycott des produits infantiles Nestlé lancé en 1977 par l’organisation non-gouvernementale anglaise Baby Milk Action, qui dénonce alors l’utilisation inadéquate du lait en poudre vendu dans les pays en développement comme substitut à l’allaitement maternel. De même, la crise de 1996, causée par la maladie de la vache folle, qui entraîne un boycott spontané de la viande bovine par les consommateurs. Plus récemment, le boycott de produits de consommation par les géants de l’agroalimentaire français en réponse aux hausses de prix demandées par les groupes agro-industriels dans une économie en pleine inflation.

Alors que le gouvernement continue de maintenir que « les entreprises françaises doivent respecter scrupuleusement les sanctions contre la Russie (…), mais restent libres de leurs décisions », pour celles qui restent, boycotter signifierait prendre le risque de céder sa place (et ses bénéfices) à des organisations associées à la corruption. Ainsi se pose un dilemme complexe qui continue de diviser les opinions. D’autant plus complexe que l’arme économique que constitue le boycott peut se retourner contre son utilisateur.  Le boycotté peut se muer à son tour en boycotteur. Après les déclarations d’Anne Hidalgo sur les athlètes russes et biélorusses, le Kremlin ne s’est pas fait attendre pour menacer la France d’un boycott de ses produits…

La rédaction d’À priori(s)