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À l’occasion du couronnement de Charles III samedi dernier, les Britanniques étaient invités à rendre hommage au souverain : “Nous sommes TOUS invités à prêter allégeance au roi”, soulignait le tabloïd Mail on Sunday. Cette proposition nouvelle dans le protocole de l’événement était une main tendue vers le peuple puisque jusqu’à présent seule l’aristocratie était tenue de s’y engager. Charles III ayant souhaité dépoussiérer la monarchie en étant plus ouvert et moins formel, la pilule ne passe pas auprès de la population qui a perçu cette proposition comme un retour dans le passé. Les antimonarchistes critiquent cette initiative et affirment que « dans une démocratie, c’est le chef de l’État qui devrait jurer allégeance au peuple et non l’inverse ».

L’archevêque a ainsi appelé « toutes les personnes de bonne volonté au Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, et des autres royaumes et territoires, à rendre hommage, par le cœur et la voix, à leur roi incontestable, défendeur de tous« .

Emprunté de l’anglais allegiance, lui-même dérivé de l’ancien français lijance, le terme qualifie initialement « l’état d’un homme ou d’une terre de lige ». Au Moyen-Âge, le mot prend la signification de fidélité vassalité vis-à-vis de son suzerain dont on reconnaît l’autorité.

Pour la première fois, des femmes évêques ont pris part au service religieux, tout comme des représentants de cultes non-chrétiens. Autre nouveauté, des textes dans les langues des autres nations du Royaume-Uni, le gallois, le gaélique écossais et le gaélique irlandais ont été lus.

Si aucun vent de révolte ne souffle au Royaume-Uni, l’incompréhension du public face à des privilèges démesurés en cette période de crise fragilise peu à peu l’institution monarchique. Et si l’on revient sur le règne des précédents rois Charles Ier (reconnu coupable de trahison et exécuté) et Charles II (dont le règne aura été marqué par la peste noire, le grand incendie de Londres de 1666 et qui décédera sans héritier d’un accident cérébral), nous ne pouvons que formuler au nouveau roi les quelques mots suivants : God save the king !

Delphine Jouenne