21.11.22

Aberration

Coup d’envoi hier de la coupe du Monde de football au Qatar et les appels au boycott de l’événement semblent de plus en plus nombreux. En cause : l’aberration écologique de son organisation en plein désert car, sous 30 degrés, pas moins de 7 stades sur 8 seront climatisés pour accueillir les spectateurs. Soupçons de corruption, droits de l’Homme bafoués, place des femmes, non-sens écologique…drôle d’ambiance pour cette Coupe du monde considérée comme la plus controversée de l’histoire après celle de 1978 organisée en Argentine en pleine dictature militaire. Le Qatar, pays encore méconnu il y a 20 ans, aura réussi à s’imposer avec l’organisation de cet événement international sauf à être définitivement entaché par toutes les aberrations liées tant à l’attribution qu’aux conditions de construction et d’organisation de la Coupe. Doit-on ou non boycotter l’événement ? Pour les joueurs de l’équipe de France, dont c’est le rêve d’une vie difficile de prendre position, c’est plutôt aux dirigeants de la Fédération Française de Football de prendre la parole. Quant aux marques partenaires de l’événement, elles prennent leurs distances avec la compétition, mettant en avant leur soutien à l’équipe de France et non à la Fifa…une ligne à tenir périlleuse…

Le mot aberration vient du latin ab errare qui signifie « action de s’écarter » en parlant d’une image optique. Une aberration est, à l’origine, un terme d’astronomie signifiant un écart entre la direction apparente d’un astre et sa direction réelle, dû aux mouvements de la Terre. C’est au XVIIIème siècle qu’il prend le sens figuré de « déviation du bon sens, de la raison », d’absurdité. Aujourd’hui, ce mot a pris un sens péjoratif, alors qu’à l’origine il était plutôt neutre. On le trouve de plus en plus utilisé pour « erreur ».

À l’heure où l’urgence climatique n’est plus à prouver, comment regarder et apprécier ce moment populaire sans une forme de malaise ? Carton rouge ou pas ? Laissons à chacun la possibilité de juger.  Et gardons en tête les mots d’Aimé Jacquet : « Donner, recevoir, partager, ces vertus fondamentales du sportif sont de toutes les modes, de toutes les époques. Elles sont le sport. »

Delphine Jouenne