02.05.23

Radicalité

Après les scènes de forte violence du 1er mai, devenues malheureusement récurrentes, la radicalité est une nouvelle fois appelée en renfort, étant considérée comme une justification possible à des actes réprimés par la loi.
Devons-nous aujourd’hui tomber dans la radicalité pour être entendu ou sert-elle, tout simplement, de légitimation à des actes répréhensibles ? Pratiquement inexistant dans les médias dans les années 90, le terme s’est fortement développé avec le terrorisme islamiste dans les années 2000.

Radicalité repose sur le latin « radix » qui signifie la racine ou l’origine première. C’est donc initialement un terme botanique qui a évolué vers une notion plus métaphysique puis un absolutisme pour une approche totale de ses idées et des actions qui en découlent. Un remède radical est celui qui traitera les causes de la maladie et non les symptômes. Et là où le terme pouvait avoir une connotation négative, il est de plus en plus utilisé et revendiqué pour exprimer un engagement total pour une cause, le retour aux principes auxquels nous adhérons.

Alors, oui il existe bel et bien une écologie radicale, celle qui tire les conséquences politiques des constats scientifiques. Le pape François, lui-même nous exhorte à changer nos modes de vie dans Laudato Si’. C’est une réelle prise de conscience qui amène, de facto, à des actions. Nous constatons chez les plus jeunes la montée d’une protestation, d’une rupture avec le fonctionnement de nos institutions qui peut amener à une forme de révolte mais aussi de violence envers la politique et ses représentants. Et si cette radicalité était la matérialisation d’une forme de rupture générationnelle ? Et si la prochaine crise sociale était intergénérationnelle ? Avons-nous aujourd’hui la possibilité d’être radicaux sans être violents ? De Gandhi à Martin Luther King, cette voix semble exister. La vitalité de la radicalité, même si celle-ci est exigeante, ne doit jamais être un prétexte à la violence.

Delphine Jouenne