Une vieille dame, un petit garçon… et une idée. C’est lors de ses fréquentes visites à sa grand-mère en EHPAD, durant lesquelles elle est accompagnée de ses neveux, que l’idée d’une crèche intergénérationnelle germe dans l’esprit d’Astrid Parmentier : “c’était une expérience magique. Ma grand-mère était au bout du rouleau d’être dans cette structure et la présence de ses arrières-petits-enfants mettait une ambiance incroyable ! Pas seulement pour elle, mais aussi pour les autres résidents qui étaient ravis de voir des jeunes”, raconte l’entrepreneure.
A l’époque, Astrid est étudiante au sein d’HEC, où elle a rejoint la Majeure Entrepreneurs – un programme qui offre aux étudiants une immersion complète dans la réalité de l’entrepreneuriat. Elle y rencontre Pauline Faivre, psychologue, qui deviendra alors son associée au moment de faire naître Tom&Josette.
Au fil de leur formation, les deux jeunes femmes sont amenées à réfléchir à l’entreprise qu’elles voudraient créer : “un des secteurs qui m’intéressait profondément, c’était celui de la toute petite enfance. Je trouvais que les enfants de moins de trois ans étaient des petits bouts de chou passionnants”, explique Astrid. La jeune entrepreneure en parle autour d’elle et constate que la pénurie de places en crèche est un problème fréquent : “je me suis alors demandé qui, aujourd’hui, avait envie de voir des enfants. Je repensais alors à ma grand-mère et à mes neveux et la réponse était évidente : les personnes âgées”, raconte la jeune femme. “Je me suis très vite dit que l’on pourrait créer des crèches et les intégrer aux maisons de retraite, avec des projets pédagogiques et des rencontres tous les jours entre les résidents et les enfants”. Astrid en discute avec Pauline : la psychologue croit au projet. Tom&Josette est en marche.
Des débuts difficiles
Astrid et son associée tissent leur premier partenariat avec un EHPAD rennais en 2020. “Malheureusement, le Covid est arrivé. Les EHPAD et les crèches étaient fermés : il fallait séparer les populations. On allait complètement à contre-courant à ce moment-là”, se souvient la cofondatrice. “Malgré tout, nous avons toujours été convaincues que cette séparation des générations était temporaire et sanitaire. Après le Covid, il y aurait encore plus besoin de créer des liens entre enfants et personnes âgées !”
« Nous sommes convaincus que le concept d'intergénérationnel a des bienfaits extraordinaires pour le développement de l'enfant et nous souhaitons vraiment démocratiser cette pédagogie-là. Elle doit rayonner au-delà de nos murs. »
Astrid Parmentier, co-fondatrice de Tom&Josette
La suite de l’histoire lui donne raison. L’isolement et la solitude ressentis au sein des EHPAD deviennent rapidement un sujet de société. “Le fait d’ouvrir les murs et de recréer des liens entre générations parlait à tout le monde”, explique Astrid. Tom&Josette avance alors, doucement mais sûrement, et s’implante peu à peu à Brest, Albi ou encore Laval.
L’intergénérationnel : une évidence
12 places réservées à des enfants de moins de trois ans, une équipe de 4 professionnels de la petite enfance et 120 mètres carrés de terrain de jeux au rez-de-chaussée des lieux de vie collectifs des personnes âgées (EHPAD, résidences seniors, résidences autonomie ou encore colivings seniors) : ce sont là les spécificités des micro-crèches Tom&Josette. Pour faire naître les rencontres, des ateliers sont régulièrement organisés entre résidents et enfants : lecture de contes, pâtisseries, potager, etc. “Les activités que l’on propose aux résidents ont 10 fois plus de sens en intergénérationnel. Lorsque les personnes âgées sont conviées à un atelier créatif en EHPAD, elles se sentent très souvent infantilisées et n’ont pas envie d’y aller. Avec les micro-crèches, cela prend une tout autre tournure : c’est un atelier de transmission, où l’enfant ne sait pas faire et la personne âgée va donc le guider. Ensemble, ils tissent un lien particulier”, souligne Astrid.
Entreprendre ? Un jeu d’enfants
Les petits sont au cœur de son concept, certes, mais la start-up voit grand. Après une levée de fonds d’1,3 million d’euros en 2021 et l’installation de 8 crèches intergénérationnelles depuis sa création, Tom&Josette ne compte pas s’arrêter là : “nous visons une centaine de crèches d’ici fin 2025 et une équipe de 500 personnes”, précise Astrid. “Mais surtout, notre grand objectif pédagogique, c’est que l’intergénérationnel devienne le nouveau Montessori. Nous sommes convaincus que ce concept a des bienfaits extraordinaires pour le développement de l’enfant et nous souhaitons vraiment démocratiser cette pédagogie-là : elle doit rayonner au-delà de nos murs”.
Et Tom&Josette a de grandes chances d’y parvenir. Car au quotidien, Astrid est portée par sa passion de l’entrepreneuriat, mais aussi par le plaisir et la satisfaction de voir pétiller le regard d’une personne âgée au contact des plus petits. L’entrepreneure n’a pas peur de l’échec : “il faut toujours oser parce qu’il n’y a aucune raison de ne pas le faire. Aujourd’hui, je ne regrette rien parce que le quotidien est passionnant”, sourit Astrid. “Ce qui me fait vibrer, c’est de me dire qu’il y a trois ans, nous étions deux. Aujourd’hui, nous sommes 50 et demain, nous serons 500… Et nous serons tous portés par cette même vision de la société qui doit être faite de liens”.
Grande vieillesse, petite enfance… et belle solidarité.