Dilemme : comment arrêter la guerre sans la faire ? C’est la posture que semblent adopter l’Europe et l’Otan face à l’invasion russe en Ukraine. En dépit des sanctions massives de ces dernières semaines, Vladimir Poutine n’est pas prêt à des pourparlers, rendant un cessez-le-feu impossible. Face au bombardement des civils, la réponse choisie repose sur une contradiction : arrêter la guerre sans la faire. Le souhait d’intervenir est bel et bien présent mais le risque d’une intervention militaire ne doit pas être pris à la légère. La probabilité d’un conflit élargi existe, nous faisant naviguer entre une exigence morale légitime et un pragmatisme nécessaire. Deux postures s’affrontent ainsi, l’éthique de conviction qui se rapproche du principe kantien du devoir et attribuerait les conséquences des actes à une force supérieure et l’éthique de responsabilité qui attribue à l’homme la responsabilité de ses actes, lui reconnaissant une capacité de discernement suffisante pour anticiper leurs conséquences. Nous retrouvons ce parallèle dans la vie politique française au regard des candidats dits populistes, prompts à critiquer les décisions en cours mais faisant fi de la complexité du monde. Dans ce cadre, espérons que les débats politiques évoluent davantage vers des convictions en lien avec la responsabilité afin de ne pas promettre plus qu’on ne puisse tenir. « Il faut penser en homme d’action et agir en homme de pensée », comme le soulignait déjà Bergson.
Delphine Jouenne