“Le réel exil commence lorsque le présent est confisqué. Quand on est condamné à rêver le temps d’avant et attendre l’avenir.” Cette phrase de l’auteur irakien Chawki Abdelamir, traduit ici tout le désespoir du peuple ukrainien obligé de fuir son pays. A l’origine, l’exil signifiait l’expulsion et le bannissement comme le montre le mot latin «exilium» qui veut dire «sauter hors de». Ce saut vers l’inconnu s’accompagne d’une forme de violence, l’exil est ce point de départ, ce lieu que l’on quitte mais également une marche en avant, à la fois expulsion et errance. L’exilium est un dérivé d’ex solo, qui signifie « hors du sol ». L’exilé est ainsi la personne expulsée de sa patrie pour des raisons politiques ou religieuses, comme le souligne Emile Littré dans son Dictionnaire de la langue française. Déracinement, errance, souffrance…face à cette situation, l’Europe sera-t-elle à même d’accueillir ces exilés ? Hostis, l’étranger en latin, est à l’origine du mot hospitalité mais également hostilité. Ce sentiment de rejet, de nombreux réfugiés ont pu le ressentir par le passé. Gageons que nos démocraties sauront faire preuve d’une hospitalité généreuse en devenant de réels refuges dans ce contexte dramatique.
Delphine Jouenne