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Elisabeth Moreno
04.03.22

Elisabeth Moreno, incarnation d’une méritocratie à la française

       Rien ne prédestinait, a priori, Elisabeth Moreno à l’engagement politique. Née au Cap-Vert et arrivée en France à l’âge de 7 ans à la suite d’un drame familial, celle qui est désormais ministre de l’Égalité femmes-hommes a grandi dans une cité de l’Essonne, au sein d’une famille nombreuse et modeste. Retour sur un parcours, qui illustre la méritocratie à la Française. Quand on aborde son parcours, elle évoque les nombreux échelons gravis, grâce aux combats personnels menés mais également aux rencontres et opportunités que la République a pu lui offrir.

Confrontée aux injustices et aux inégalités très tôt, Élisabeth Moreno décide d’entamer des études de droit. Objectif ?  Devenir avocate et défendre le « camp des victimes » pour reprendre Gisèle Halimi qu’elle cite souvent. 

Finalement, premier mouvement de bascule, elle embrasse rapidement la voie de l’entrepreneuriat puisqu’à 20 ans elle crée sa première entreprise dans le bâtiment. Changer, évoluer, oser, Élisabeth Moreno n’a jamais reculé devant les défis professionnels. Après avoir intégré France Télécom (aujourd’hui Orange) elle prend des postes à responsabilités en France et à l’international au sein des groupes Dell, Lenovo et HP et devient vice-présidente de HP en charge de l’ensemble du continent africain, installée avec sa famille à Johannesburg. 

Si elle reconnaît, avec émotion, que son parcours est une illustration concrète que la méritocratie peut fonctionner, Élisabeth Moreno regrette pourtant que beaucoup de concitoyens français n’y croient plus ou si peu.

À juste titre ? Certainement. Car aujourd’hui, pour bon nombre de Français, l’idée même de méritocratie ne serait devenue que la « bonne conscience » des gagnants. Or, la Ministre en est convaincue, la responsabilité politique est totale, elle l’assume. Les discriminations et ces inégalités – en plus d’être des entorses au pacte républicain – brisent des destins, gâchent des potentiels et, par ricochet, égratignent les fondements de la cohésion sociale. À la place qui est la sienne aujourd’hui, elle avoue en mesurer plus précisément le poids, les enjeux et les attentes importantes d’une partie des Français. 

A-t-elle pour autant toujours été intéressée par l’engagement politique ? Il est d’abord question -et peut-être surtout quand on dirige le ministère de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances- de valeurs.

Or, la Ministre le confie, les causes qu’elle défend aujourd’hui sont celles qui l’habitent depuis toujours : le combat pour la condition des femmes et la double quête de liberté et d’égalité qu’il revêt, la promotion de la diversité ainsi qu’en toile de fond la lutte contre les discriminations et le combat pour l’égalité des chances sur tous les territoires ; en zones rurales, dans les quartiers prioritaires ainsi que dans les territoires ultramarins.  

Quand on aborde plus particulièrement son entrée en politique, elle précise tout de suite qu’elle n’aurait jamais accepté sans le soutien indéfectible de sa famille. Une famille installée alors en Afrique du Sud depuis près d’un an et demi et pour qui la politique était un monde inconnu. Leur approbation et leur soutien ont permis à Élisabeth Moreno de dire un grand « oui » à Jean Castex lorsqu’il lui fit part de son intention de la nommer dans son gouvernement. 

Ce sont donc les rencontres qui ont toujours constitué les points de bascule cruciaux d’Élisabeth Moreno. 

Des rencontres scolaires d’abord, un peu à l’image d’Albert Camus et Louis Germain, avec une maîtresse en CP, alors qu’elle arrivait du Cap-Vert qui fut la main tendue de la République. Des rencontres professionnelles avec des mentors qui ont cru en elle –« plus qu’elle-même parfois »- et qui lui ont permis de s’élever un peu plus haut qu’elle n’aurait pu songer. Elle le répète plusieurs fois : « on ne réussit jamais seul ». 

Ce sont bien toutes ces rencontres, ces moments de partage et d’échange qui ont empêché les a priori de prendre le dessus et de freiner ce parcours exemplaire.

Quand on évoque d’ailleurs ce terme « d’a priori » Elisabeth Moreno en est persuadée, ils sont inhérents à l’être humain et transcendent les frontières géographiques, sociales, culturelles ou générationnelles. Néanmoins, son parcours en exemple, chacun doit travailler, dur, pour se défaire le plus possible de ces a prioris qui enferment et sont trop souvent synonymes de myopie, voire de cécité, empêchant de voir la réalité des évènements tels qu’ils sont réellement.  

La Ministre qui, depuis son entrée au gouvernement en juillet 2020, s’astreint à travailler en étroite synergie avec les associations sur des sujets aussi périlleux que les violences conjugales, le Plan d’actions LGBT+ ou la lutte contre les discriminations, sait que chacun doit aller au-delà des frilosités inhérentes à sa propre nature. Elle quitte ainsi l’entretien en paraphrasant l’écrivain Amin Maalouf, « c’est notre regard qui enferme mais c’est aussi notre regard qui libère. ».

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