13.03.24

Corinne Menegaux : « il est primordial de penser les Jeux comme un vecteur de transformation de notre ville »

       À J-135 jours des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, rencontre avec Corinne Menegaux, directrice générale de l’office de tourisme Paris je t’aime. Elle nous explique l’ambition de l’association pour concevoir une expérience touristique durable tout en en invitant les visiteurs à découvrir la ville d'une manière authentique.

Pouvez-vous nous présenter brièvement Paris je t’aime et son rôle dans le tourisme parisien ?

Notre association existe depuis 1971 et rassemble tous les acteurs du tourisme à Paris. Notre gouvernance est partagée entre les professionnels et les institutions telles que la ville, la Métropole et la chambre de commerce, ce qui nous donne une vision globale du territoire.

Les Jeux Olympiques et Paralympiques à Paris sont un événement exceptionnel. Comment cela affecte-t-il le tourisme, notamment en termes de public et de comportement ?

Les Jeux sont un cas particulier car le public attendu est principalement national, avec une forte participation locale. Nous attendons 11,3visiteurs pour les Jeux Olympiques et 4 millions de visiteurs pour les Jeux Paralympiques. Les visiteurs étrangers représentent environ 15% du public pour les Jeux Olympiques, le reste étant partagé entre les nationaux et les franciliens. Cela influence le comportement touristique, passant d’un modèle de séjour à un modèle d’excursion d’une journée. Sur la période spécifique des JO ; il y a un effet d’éviction touristique vis-à-vis des visiteurs « classiques » que l’on croise habituellement en été.

Ce qui est intéressant également à noter, c’est que la plupart des visiteurs n’ont pas de billets. Trois quarts d’entre eux viennent soit pour accompagner soit pour vivre l’effervescence, la ferveur des jeux sans disposer de billets pour les épreuves. C’est pourquoi, dans chaque mairie d’arrondissement dans Paris intra-muros, (excepté le 7e arrondissement) une fan zone sera accessible à tous les visiteurs. Nous aurons aussi des lieux de festivités, et d’échange comme SPOT24qui fait la part belle aux nouvelles disciplines olympiques autour de la culture urbaine, le Club France de la Villette ou encore Le Champions Park Trocadero. Et dans les villes limitrophes du Grand Paris, une foison de sites de célébration permettra aux visiteurs de venir profiter de l’ambiance. Par exemple, en Seine-Saint-Denis, le parc Georges Valbon abritera toute sorte de festivités, comme des concerts, tout comme le canal de Saint-Denis.  

Parlons des initiatives mises en place pour les visiteurs. Comment travaillez-vous avec Paris 2024 pour améliorer l’expérience des touristes ?

Notre mission est double. D’abord, nous sommes le lien entre les acteurs du tourisme (les hôteliers, les monuments, les lieux réceptifs…). Nous organisons des réunions mensuelles pour répondre à l’ensemble de leurs questions. Ensuite, et sur ce point, les jeux sont un véritable accélérateur, nous travaillons sur l’expérience client, le parcours visiteur. Nous avons notamment réfléchi aux questions d’accessibilité : après avoir réalisé des audits, nous sommes en train de concevoir une application de géolocalisation appelée Myparisjetaime. Celle-ci dispose d’une version handicap :  en fonction des filtres que vous décidez d’actionner, elle vous propose des activités et les transports les plus adaptés à votre typologie de handicap.

Nous avons aussi embarqué les kiosquiers pour qu’ils puissent être des relais d’information essentiels pour informer et guider les touristes.

L’aspect durable du tourisme est de plus en plus important. Comment abordez-vous cette question, en particulier pendant les jeux ?

Le tourisme doit désormais intégrer l’impact environnemental en replaçant l’humain au cœur du dispositif. Pour ce faire, nous avons rédigé un manifeste de l’hospitalité, co-écrit avec le soutien des professionnels dans une dynamique collective. Il dessine les contours d’un tourisme d’avenir, questionne l’impact de l’hospitalité sur l’expérience et l’image de la destination. Cela inclut des engagements tels que le zéro plastique à usage unique, les circuits courts, mais aussi la valorisation de la consommation locale et notamment des produits parisiens. La plateforme my.parisjetaime.com offre aux commerçants parisiens une opportunité exceptionnelle de tirer parti des événements majeurs que sont les Jeux Olympiques de 2024. Notre plateforme met en avant le savoir-faire parisien (artisans de bouche, des artisans alimentaires, des boissons, des artisans d’art, maroquiniers, modes, accessoires), en donnant la possibilité aux artisans de promouvoir leurs produits ou services, contribuant ainsi à la promotion de l’artisanat et du commerce local.

Notre objectif est aussi d’engager les touristes dans cette démarche afin qu’ils respectent la destination qui les accueille.

Évoquons maintenant les retombées économiques attendues. Quelles sont les prévisions et comment cela pourrait impacter Paris et sa métropole ?

Il est établi, à la lumière des études menées lors des précédents Jeux Olympiques et Paralympiques que les visiteurs qui viennent pour cet événement dépensent plus que « des touristes classiques ». Cependant, il est primordial de penser les jeux comme un vecteur d’accélération de la transformation de notre ville au-delà même des retombées économiques effectivement immédiates. Ce qui me semble intéressant, c’est l’héritage des Jeux. Les nouveaux sites comme le centre aquatique, le village des athlètes ou encore l’adidas Arena sont des atouts pour demain.
 
Les JO nous ont aussi permis d’accélérer en termes de transport, avec la mise en place de nouvelles lignes de métro, de nouvelles pistes cyclables, des parkings vélo.

Enfin, je souhaite souligner l’héritage immatériel : toutes les valeurs que nous portons et réaffirmons grâce aux JO : notre engagement écologique, nos valeurs d’inclusion, etc.

Pour ceux qui veulent profiter de Paris pendant les Jeux, avez-vous des recommandations ou une journée type à suggérer ?

On a la chance à Paris d’avoir un territoire avec une diversité d’offres assez incroyable. Nous n’avons pas seulement les monuments les plus visités du monde, mais une somme de diversité d’offres qui permettent de vivre Paris différemment en fonction de l’endroit où l’on va dans et encore plus si on s’inscrit dans le Grand Paris. C’est pourquoi nos visiteurs sont à deux tiers ce que l’on appelle des  « repeaters », des visiteurs qui reviennent régulièrement.

Voici quelques propositions : commencer la journée en savourant un café et un croissant à la parisienne, en terrasse, tout en observant la vie passer le long de la Seine. Puis continuer en empruntant les nouvelles pistes cyclables pour explorer les quartiers moins fréquentés, découvrant la diversité de l’art urbain, du street art aux performances de breakdance.

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