Pouvez-vous nous parler de La Puissance du Lien ?
J’ai lancé cette association le 8 mars 2023 car il me tenait à cœur de dépasser mon engagement politique pour faire avancer l’égalité entre les femmes et les hommes, mais aussi pour faire advenir une société plus juste et plus inclusive pour toutes et tous.
Notre première ambition est de rassembler une communauté de parrains/marraines et de filleules ayant besoin de soutien, de conseil et d’accompagnement pour se réaliser professionnellement. Et ce, en s’adressant à des personnes de toutes les générations et sur l’ensemble du territoire, afin de valoriser la diversité et la richesse individuelle.
Quel bilan tirez-vous de cette première année ?
Les derniers mois ont été extrêmement riches. Ils nous ont permis de fédérer une communauté très engagée dans les grandes villes comme dans les territoires ruraux, aussi bien en France métropolitaine que dans les Outre-mer. C’est un vrai accomplissement dont nous sommes fiers et qui nous permet d’œuvrer auprès de toutes les femmes – en particulier celles qui sont les plus éloignées de ce type d’initiatives – pour leur donner la chance de s’épanouir et de réussir. En témoignent les 419 binômes déjà créés par l’association.
Par ailleurs, cette première année nous a permis de constituer un comité exécutif qui rassemble une grande diversité de personnalités de premier plan issues du monde économique, politique, administratif, associatif, académique, diplomatique, etc. Cette mosaïque d’expertises et de points vue est extrêmement féconde et nous permet d’être intégrés à un écosystème très large d’acteurs, dont l’UNESCO, qui nous apportent leur soutien et leurs conseils. Aujourd’hui, nous sommes un organisme catalyseur qui construit des passerelles et oriente les nombreuses bonnes volontés vers une cause juste.
Selon vous, où en est la France en matière d’égalité et d’équité entre les femmes et les hommes dans la sphère professionnelle ?
Au cours de la dernière décennie, la société – en France comme ailleurs dans le monde – a pris conscience des nombreuses injustices qui alimentent une dissymétrie des chances entre les femmes et les hommes, ainsi que de la violence sous-tendue par ce déséquilibre. Les pouvoirs publics ont joué un rôle clé pour accompagner cette prise de conscience et apporter des solutions concrètes, à l’instar de l’index de l’égalité femmes-hommes en entreprise (« Index Penicaud ») de 2018, ou encore de la loi Rixain de 2021 sur la féminisation des instances de direction. Cependant, beaucoup reste encore à faire. On le voit à travers la persistance des inégalités salariales et de la sous-représentation féminine dans les sphères de pouvoir entre autres.
J’ai la conviction à cet égard que les changements systémiques ne pourront advenir que si la société civile s’engage concrètement. De nombreuses associations, portées par des femmes et des hommes de conviction, y travaillent chaque jour. Cependant, cet engagement doit dépasser la sphère militante et devenir une responsabilité de toutes et tous dans nos vies quotidiennes. C’est aussi cette dynamique de responsabilisation individuelle que nous souhaitons porter à travers La puissance du Lien.
Quel message souhaitez-vous adresser aux nouvelles générations de jeunes filles ?
Je souhaiterais leur dire qu’il n’y a pas de fatalité. Que peu importe les obstacles dont elles prennent conscience à mesure qu’elles grandissent, elles ont les ressources et le talent pour se réaliser. Qu’il y a des femmes et des hommes engagés qui sont là pour les soutenir, les encourager et les aider. Qu’il y a beaucoup d’exemples aujourd’hui dans toutes les sphères de la société qui prouvent que la volonté, le travail, les rencontres et la solidarité permettent d’avoir un parcours à la hauteur de ses ambitions, et même bien au-delà.
À travers mes différentes responsabilités dans l’économie numérique, connue pour être très peu paritaire, et en tant que Présidente de la Fondation Femmes@Numérique, j’ai eu très souvent l’occasion de constater à quel point l’auto-censure peut être un frein dans la carrière des femmes, à qui on attribue trop souvent des cases stéréotypées, quand ce n’est pas un destin entier. Il est essentiel de dépasser cela : il n’y a pas de déterminisme et les femmes sont en mesure de réussir partout où les hommes s’accomplissent. Et notre société a plus que jamais besoin de cet équilibre dans la réussite.