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Il existe certains scénarios que l’on pense improbables jusqu’au jour où leur annonce officielle leur confère une dangereuse réalité. C’est ainsi que mercredi dernier, une circulaire gouvernementale à l’attention des préfets rappelait que « l’hypothèse de devoir recourir à des coupures partielles et programmées ne peut être à ce jour ni exclue ni confirmée ».

Si le gestionnaire du réseau de transport RTE s’est tout de suite voulu rassurant, les Français – certainement échaudés par les atermoiements de la parole gouvernementale durant la crise Covid – perçoivent ce risque de coupure de courant comme bien réel. Le temps de « l’abondance » semble définitivement terminé et celui de l’approvisionnement électrique constant se termine bien plus rapidement qu’anticipé.

En cause ? Un retard, estimé à environ deux semaines, de disponibilité du parc nucléaire, qui pourrait, couplé à une météo défavorable, entraîner de fortes difficultés sur le réseau. La notion de coupure renvoie ici à l’idée de cessation, l’arrêt brutal dans le cours d’une chose. Certes la « brutalité » dans ce cas-là devrait être relative car les habitants des zones géographiques concernées par ces coupures auront un peu de temps pour s’organiser. Mais nous parlons ici d’un court délai de trois jours entre l’émission d’une alerte dite Ecowatt rouge et l’éventuelle mise en place d’un délestage.

Cette annonce, rude, implacable, pourrait-elle néanmoins servir d’électrochoc positif sur l’ampleur de nos vulnérabilités ?
Il y a au fond deux manières de réveiller un peuple. La première, c’est de l’aguerrir. Cela tombe bien, nous allons, cet hiver en Europe, être mis à l’épreuve. La possibilité de « coupures partielles » n’est que la partie visible d’une dégradation continue de notre situation économique et sociale. La seconde manière, c’est de lui donner l’envie de se relever, de réveiller ses appétits en lui donnant une ambition motrice, et accessible.

Sans en comprendre totalement le sens, sans en mesurer totalement les effets, les difficultés que nous vivons peuvent-elles annoncer une nouvelle prise de conscience et une « énergie » revigorante ? Espérons-le avant que le coût ne soit trop élevé car pour reprendre Oxmo Puccino en 2004 dans son titre Je lève mon verre : « C’est quand il vient à manquer que l’on commence à compter ».

Delphine Jouenne